Un détective sur le Camino

Pour commencer, Gabriel Vieille nous convie à une quête originale vers Santiago.
Avec, tout au bout, une rencontre très surprenante !

Voici la première page de sa nouvelle. La nouvelle complète se trouve dans le document à télécharger à la suite.

Un détective sur le Camino

« Vous avez un nouveau message, pour le consulter, tapez 1»,  la voix robot de l’opératrice était presque rassurante, la suite le fut un peu moins…
« Merci de rappeler d’urgence le Cardinal Calixus au Bureau des enquêtes du Vatican… »

Je rentrais d’un reportage photographique épuisant. Mon petit doigt me dit de ne pas ranger trop rapidement mes chaussures de randonnée… Rome me confiait souvent des enquêtes journalistiques mais là, j’étais loin d’imaginer la suite des évènements…

Le téléphone sonna moins de trois fois, la secrétaire m’informa du caractère ultra confidentiel de cette « commande ». Le Cardinal Calixus n’y alla pas par 4 chemins : « la Commission d’authentification des reliques jacquaires est formelle, l’ADN a parlé, les ossements de Compostelle ne sont en aucun cas antérieurs au VIIIème siècle avant J.C… Cher Monsieur, accepteriez-vous de repartir sur le « Camino » à la recherche d’indices prouvant que les reliques sont bien celles de St Jacques ? »

« Allo, vous êtes toujours en ligne ? » Le temps de me ressaisir, j’acceptai la mission sans discuter… pas même le prix !

17 mai 2016 :

Les brumes matinales semblent agrippées pour toujours aux murs fortifiés de l’Abbaye de Roncevaux. En rangeant mon couteau suisse, je songe à Durandal, l’épée de Roland plantée dans un rocher, mais l’heure n’est pas à la rêverie !

Départ laborieux, d’autant que le poids de mon équipement photographique me cisaille déjà les épaules. J’allume un cierge aux pieds de Notre Dame de Roncevaux, question de mettre le Ciel de mon côté !
Je visite systématiquement les églises de BURGUETE, ESPINAL et LARRASOANA à la recherche d’indices étayant ma thèse, du moins celle de Rome… La traversée de PAMPLONA m’enchante, j’évite la Cathédrale dont l’entrée est payante. Mais dix jours plus tard, je m’attarde dans celle de BURGOS. En quittant l’édifice, une voix sortant du tombeau du Cid me susurre : « Señor, as-tu encore du cœur ? »
J’ai déjà fait 17 photos de statues et 5 photos de reliques dont deux index de la main droite de l’Apôtre, est-ce pour cela qu’on l’appelle « le Majeur » ?

15 jours plus tard :

Ma collection de photos a encore grossi mais les « preuves » recherchées sont aussi maigres que le sandwich acheté le matin même à VILAFRANCA DO BIERZO. Montée sans peine au CEBREIRO ; je reste méditatif devant l’Hostie transformée miraculeusement en chair en 1300, mon sandwich n’a pas attendu si longtemps pour devenir dur comme mes semelles !

  Retrouvez la suite dans le texte complet à télécharger …


A quand la réouverture des chemins de Compostelle ?

Nous avons tous compris que marcher sur un chemin de Compostelle, ce n’est pas pour tout de suite. La lettre du « Pèlerin », dont le lien a été envoyé dans notre post le 22 avril nous en a informés.

Cela se confirme pour l’Espagne :

  • Informations de Webcompostella :

Compte tenu des mesures de confinement visant à limiter la propagation du coronavirus, tant en France qu’en Espagne, l’ouverture de l’Accueil spirituel des Pèlerins Francophones à Santiago est reportée au 1er Juillet 2020 (au lieu du 15 mai initialement annoncé) ; elle se terminera le 31 octobre comme prévu.

espère le président, Daniel Ragot


Brigitte Alésinas, chargée des Relations avec les associations  jacquaires, précise que l’association postera « de nouvelles propositions régulièrement pour accompagner les pèlerins sur ce chemin de vie particulier ».  (Chacun peut s’inscrire à la lettre du site en passant par ce formulaire :

https://www.webcompostella.com/lettre-dinformations/ )

  • Information de La Federación Española de Asociaciones Amigos del Camino (FEAACS) qui, elle, enfonce le clou de manière définitive pour l’année 2020 en Espagne :

Le sentiment général, face au scénario que nous sommes en train de vivre, est qu’on ne prévoit pas l’ouverture du Chemin aux pèlerins au cours de cette année 2020.


A suivre…..


Réflexion

Danielle Brun-Vaunier  informe d’un rendez-vous organisé par l’espace de rencontre culturel et spirituel, le Forum104 à Paris, avec Reza Moghaddassi, philosophe et auteur. Il aura lieu dimanche 26 avril à 17 h.
Le sujet ? «  Pandémie : le temps du réveil spirituel ? »
Les personnes intéressées peuvent accéder à cette visio-conférence à partir du site : http://www.forum104.org/


Distraction

Avec les réponses aux quizz de Jean-Claude Simard envoyés le 22 avril.


et ci-dessous, la trentième étape de notre feuilleton quotidien « Péleriner confinés » par Denise Péricard-Méa.

Nicole


Péleriner confiné, étape n° 30

Sur la route de Compostelle à la Contre-Réforme

L’abbaye des Feuillants de Saint-Martin-lez-Limoges au XVIIIe siècle

Au musée des Beaux-Arts de Limoges, un gisant du XIIIe siècle de deux personnages inconnus.
En leur donnant des noms et une histoire, en 1650, un pieux abbé a créé une jolie légende dite du Bon mariage. Elle est née au moment de la Contre-Réforme, pour rendre sa gloire à l’Eglise catholique.

Le gisant dit du ” Bon mariage “, musée de Limoges

Passant, arreste-toi
pour regarder ce lieu 
Ce monument usé est dit : Bon Mariage
Deux corps pleins de vertus,
deux cœurs amis de Dieu
Que la mort a frappés
en faisant son triage
Se reposent ici.
Le Poitou les produict
Galice les appelle et Lymoge y prétend.
Le ciel les met d’accord,
pas un n’est esconduict
La femme meurt icy sans aller plus avant
On lui fait un tombeau
de grandeur coustumiere
Pour y serrer son corps.
Cependant son mary
Tout baigné dans ses pleurs,
ne va point en arrière
Mais accomplit son vœu,
Et retournant guary
de ses douleurs de corps,
Le souvenir poignant de sa perte revient
et lui cause la mort.
Ce fut alors que Dieu
se fit voir tout-puissant.
On ouvre le sépulchre,
et sans aucun effort
L’espouse se retire
assez pour qu’il ait place
Pour apprendre aux conjoints
a s’entr’aimer toujours
Afin qu’ayant vescu
en la divine grâce
Ils puissent voir le ciel
à la fin de leurs jours.

Un abbé soucieux du renom de son abbaye

En 1650, dom Gabriel de Saint-Joseph, 7e abbé du monastère des Feuillants de Saint-Martin-lez-Limoges, est empêtré dans une querelle théologique qui l’oppose à l’évêque et à Rome. Loin de moi l’idée même de résumer ce qui oppose « jansénistes » partisans de la prédestination et « molinistes » partisans du libre-arbitre, mais dom Gabriel est « moliniste ». A ce moment, il est touché par une sévère censure (il avait, semble-t-il, consacré une église en habits épiscopaux) qui l’a poussé sans aucun doute à s’affirmer en reconstruisant son abbaye qui avait été détruite à la fin du XVIe siècle. En 1650, il terminait la nouvelle chapelle. Mais comment redonner du lustre à son abbaye décriée depuis plusieurs années ?

Pourquoi pas un pèlerinage ?

Dans l’un de ses prieurés, à Saint-Martin-sous-Loutizie (l’Autise, Vendée) on conservait un tombeau fermé par deux gisants dont on ignorait tout. Fit-il fouiller ce « monument usé » et y découvrit-il deux squelettes ? Sans doute. Il daterait du XIVe siècle. Dom Joseph le fit transporter dans une niche à l’extérieur de la nouvelle chapelle et il fit graver l’épitaphe ci-dessus, sans que l’on sache où elle était située.
D’où lui est venue l’idée du pèlerinage en Galice ? Pour concurrencer la cathédrale qui conservait un buste reliquaire de saint Jacques ? Parce que le « molinisme » est né en Espagne des travaux d’un jésuite espagnol Luis de Molina (1535-1600)  dont les idées furent reprises par un  archevêque de Compostelle en 1624 (Augustin Antolinez (1554-1626), de l’Ordre des Ermites de saint Augustin) ?

Le succès fut au rendez-vous

La légende fut encore enjolivée en affirmant que les jeunes gens étaient originaires de Saint-Martin-sous-l’Autize, d’où ils seraient partis. Certes ce prieuré était, à l’époque, en Poitou, mais rien de plus. A partir de ce moment et jusqu’à la Révolution, les héros défunts furent honorés comme des saints. Personne n’a jamais plus pensé que le texte était postérieur de plusieurs siècles aux gisants.

Le bâtiment en vente

En 1791 les bâtiments furent vendus comme Bien National. Ils abritèrent successivement une imprimerie puis un pensionnat de jeunes filles. Le gisant des jeunes époux fut déménagé une fois de plus, et servit de couvercle au regard d’un aqueduc voisin.
En 1835, les ouvriers ont compris en ouvrant ce regard qu’ils avaient retrouvé « les bons saints » que l’on croyait perdus. La sculpture était tournée vers l’eau et le texte disparu. Heureusement, ce texte avait été recopié en 1770 et conservé dans les archives. En 1865 la ville de Limoges acheta le bien pour le démolir et construire les bâtiments de la division militaire, actuellement désaffectés et mis en vente.
En 1840, l’abbé Texier avait proposé d’intégrer ce tombeau dans une niche creusée dans un mur du chœur de la cathédrale afin qu’il garde toute son aura sacrée. Le bâtiment en vente

Un projet sans suite

Le projet de restauration

Détails du projet de l’abbé Texier donnés par les annotations du croquis :

Le soubassement supportant les statues serait divisé en trois compartiments par des arcades ogivales. Celle du milieu encadrerait l’inscription de 1650 Passant, arrête-toi… Sur une autre serait inscrite la date de cette translation. Elle pourrait être ainsi rédigée :

Ce monument,
Autrefois placée dans l’abbaye de Saint-Martin-Lez-Limoges,
a été honorablement transporté dans ce lieu
par l’ordre et les soins de Monseigneur Prosper de Tournefort
Evêque de Limoges,
L’an MDDCCCXL

Le troisième compartiment serait occupé par quelques versets des Saintes écritures, tel que celui-ci :  Heureux ceux qui sont conviés au festin des noces de l’agneau .  

Vos commentaires seront les bienvenus, bien qu’il soit parfaitement utopique d’imaginer une pareille réalisation !

Pour en savoir plus :

Des informations supplémentaires sur le site Inventaire.
Chercher Limoges dans la recherche rapide, fiche gisant et couple de pèlerins en accès libre.

Liens avec le projet « Etoiles du Patrimoine Saint-Jacques »

Projet promu par les Constellations Saint-Jacques présentées sur cette page
Etoiles : Le couple légendaire, dom Gabriel et l’abbé Texier, Le gisant
Constellation : Le nombre d’enregistrements de l’Inventaire montre l’importance de la Constellation de Limoges du Patrimoine Saint-Jacques de cette ville.


Denise Péricard-Méa
demain : Quand la route de Compostelle devient celle de Cythère
retour à la première étape : Jérôme Münzer part précipitamment de Nüremberg

Cette publication a un commentaire

  1. Brigitte Alésinas

    merci pour votre confiance et l’attention portée aux infos de Webcompostella..
    Blog très actif avec des publications variées, cela fait du bien !
    Bien amicalement
    Ultreïa & Suseïa !
    Brigitte

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