Les souvenirs, une source inépuisable de moments à partager…
Gilbert Delbecq, en attendant impatiemment de remarcher, reste attaché à la Via Francigena :
Souvenirs, souvenirs du chemin, aujourd’hui celui de la VF puisque, ce 25 avril dernier, nos amis Italiens fêtaient leur « Fête de la Libération ».
Et ce 25 avril 2013 nous arrivions à l’étape de Sienne où la foule était dense sur la célèbre place . . . et devant la Cathédrale Santo Maria Assunta de Sienna …(Les visites de certains lieux étaient pratiquement impossibles et encore moins les prises de vues, rendues difficile par le monde …).
Mais quelle belle – et longue – étape sous le soleil printanier de la Toscane ….
Je pense que cette année la place devait être bien triste sans cette foule…
Dans 13 jours, on remet les bonnes chaussures . . . pour aller . . . plus loin . . .
Daniel Souchet confie que
Comme tant d’autres, j’imagine, je me replonge dans mes propres souvenirs de voyage et de randonnée. En 2008, j’ai pris le chemin près de Briançon à destination d’Arles, vite interrompu par un méchant problème de pied. J’ai repris le chemin en 2010 jusqu’à Arles.
J’en ai fait un montage sans prétention à raison d’une photo par jour de ce qui m’avait le plus amusé ou touché. Le voici en espérant qu’il apporte une distraction à d’autres que moi.
Si j’ai continué au-delà d’Arles ? Oui, mais seulement en 2016 pour arriver à Compostelle en 2017…
Nous terminons l’envoi du jour avec ce 2ème extrait de « La Peste » de Camus : le confinement
A l’intérieur même de la ville, on eut l’idée d’isoler certains quartiers particulièrement éprouvés et de n’autoriser à en sortir que les hommes dont les services étaient indispensables. Ceux qui y vivaient jusque-là ne purent s’empêcher de considérer cette mesure comme une brimade spécialement dirigée contre eux, et dans tous les cas, ils pensaient par contraste aux habitants des autres quartiers comme à des hommes libres. Ces derniers, en revanche, dans leurs moments difficiles, trouvaient une consolation à imaginer que d’autres étaient encore moins libres qu’eux. « Il y a toujours plus prisonnier que moi » était la phrase qui résumait alors le seul espoir possible.
et ci-dessous, la trente-troisième étape de notre feuilleton quotidien « Péleriner confinés » par Denise Péricard-Méa.
Nicole
Péleriner confiné, étape n° 33
Le Pas d’armes de Suero de Quiñones
Sur le chemin de Compostelle, le Pas d’Armes resté célèbre est celui tenu par le chevalier castillan Suero de Quiñones du 10 juillet au 9 août 1434 sur le pont d’Orbigo, sur ses terres.
Suero de Quiñones est né vers 1409 dans la plus puissante famille des Asturies et du León. Vaillant guerrier, très cultivé et auteur de poèmes amoureux en faveur de sa Dame. Chaque jeudi, il portait une emprise, chaîne d’argent doré en signe de captivité.
Comment s’en débarrasser au moment où il projette d’en épouser une autre ? Il lui offre un Pas d’armes en cadeau de rupture : en cette année jubilaire il défie tous les nobles passant sur la route de Compostelle. Belle occasion de prouver sa valeur guerrière. L’annonce du Pas fut faite à la cour du roi Jean II de Castille le 1er janvier 1434.
Les détails sont connus par Le Livre du Pas Honorable, rédigé par son écuyer.
Selon les règles, les arrivants donnent leur identité aux juges. Toute dame noble venant à passer dans un rayon d’une demi-lieue doit abandonner son gant droit avant de continuer sa route, à moins qu’un chevalier ne le lui rachète. Un gros diamant était promis au premier qui se constituera champion d’une dame. La dernière clause souligne la grandeur d’âme de Suero : si la Dame dont il est le prisonnier venait à passer près d’Orbigo
« elle était bien certaine de perdre son gant et personne excepté lui ne pourrait lui gagner droit de passage car personne au monde ne saurait la défendre d’aussi grand cœur que lui ».
Mais que risque-t-il ? La Dame va-t-elle venir étaler sa répudiation ? D’ailleurs, elle n’apparaît pas dans la suite du récit…
Le lieu choisi, un pont, trait d’union entre deux rives, apparaît dans les légendes comme un lieu hanté par les forces du Mal. Sur la route, la statue de marbre d’un héraut brandissait une banderole indiquant
Al Passo.
Des lices de 250 mètres de circonférence furent dressées, entourées de palissades avec deux entrées opposées décorées d’armes, tapisseries et bannières. Elles enfermaient vingt-deux tentes pour l’hébergement des concurrents, des spectateurs et des juges, une maison de bois pour les banquets, traversée par un ruisseau détourné de son cours pour maintenir la salle fraîche ainsi qu’une chapelle. Un hôpital dirigé par la mère de Suero comptait sept infirmières.
Le Pas s’ouvrit le samedi 10 juillet, avec l’arrivée de trois chevaliers. Après la messe eut lieu un défilé d’honneur avec entrée des Neuf preux, parmi lesquels Charlemagne, précédés de musiciens et d’un char conduit par un nain et suivis de Suero escorté de trois pages et de nombreux seigneurs à pied.
Le troisième jour, deux dames espagnoles arrivèrent et se déclarèrent de noble naissance et pèlerines de Compostelle. Le mari de l’une d’elle affirma qu’ignorant du tournoi il n’était pas préparé à y prendre part, mais que si l’on consentait à rendre aux dames les gants qui leur avaient été réclamés, il reviendrait en payer la rançon sitôt le pèlerinage accompli. Les juges ne leur permirent de continuer leur route qu’en retenant leurs gants. Plus tard, devant des protestations, ils changèrent d’avis et expédièrent un courrier porteur des gants à Astorga. On a reproché à Suero d’avoir empêché des pèlerins de se rendre à Compostelle de crainte d’avoir à combattre. Il a cependant affronté 68 nobles, dont 64 espagnols.
Le dimanche 25 juillet, jour de saint Jacques, Suero voulut affronter trois chevaliers à lui seul, dépourvu de trois pièces de son armure. Mais les juges l’ont consigné sous sa tente, malgré son violent mécontentement.
Il y eut un mort qui avait reçu une lance dans l’œil. L’évêque d’Astorga refusa la sépulture en terre chrétienne et il fut inhumé dans un champ.
Lors de la clôture du Pas, Suero fut délivré de sa chaîne.
Guéri de ses blessures, il alla ensuite l’attacher au cou du reliquaire de saint Jacques, à Compostelle.
Elle y est encore.
Suero, marié à la fin de 1434, périt assassiné en 1458 dans une embuscade tendue par l’un de ceux qu’il avait battus lors du Pas.
Pour en savoir plus
L’Inventaire du Patrimoine Saint-Jacques : http://www.saintjacquesinfo.eu complète les informations sur Suero et présente les pèlerins mentionnés dans le récit (Recherche rapide avec le mot Orbigo, puis lien au bas de la page Suero).
Sur les Neufs preux : voir article sur Wikipedia
Denise Péricard-Méa
demain : Saint Jacques Matamore
retour à la première étape : Jérôme Münzer part précipitamment de Nüremberg
Quel merveilleux reportage que celui de Daniel Souchet.
Du coup ça fourmille dans les pattes!!!