Hier, nous avons passé un moment agréable, en cuisine et en mouvements.
Aujourd’hui, changement total d’ambiance. C’est l’émotion qui primera. L’espoir aussi. Quand même.
Daniel Putaud « pense à un texte datant de plusieurs années, en hommage peut-être à toutes les personnes âgées qui disparaissent brutalement dans les Ehpad ».
Présentation rapide : Ce texte a été écrit par un vieil homme australien décédé dans l’aile gériatrique d’une maison de retraite. Lorsque les infirmières ont fait la liste de ses maigres possessions, elles ont découvert ce poème. Depuis, cet écrit anonyme, simple et éloquent, a été publié dans les éditions de Noël de nombreux magazines australiens, ainsi que dans des magazines traitant de la santé mentale. Il connaît aussi un grand succès sur le web.
Vieil homme grincheux.
Que voyez-vous, infirmières ? . . .
Que voyez-vous ?
À quoi pensez-vous… lorsque vous me regardez ?
À un vieil homme grincheux … pas très sage, aux habitudes hésitantes… et au regard perdu dans le lointain ?
Qui bave en mangeant … et ne répond jamais aux questions.
Qui, lorsque vous criez … “J’aimerais que vous fassiez un effort !”, semble ne pas réagir du tout … à toutes ces choses que vous faites.
Un homme qui perd … toujours une chaussette ou une chaussure ?
Qui, en résistant parfois … vous laisse faire ce que vous voulez, pour le nourrir et le baigner…
et pour remplir ces longues journées ?
Est-ce que c’est à cela que vous pensez ?
Est-ce que c’est ce que vous voyez ?
Alors ouvrez les yeux, infirmières. Car vous ne me voyez pas.
Je vais vous dire qui je suis …
Alors que je suis assis ici, alors que je vous obéis,… alors que je mange ce que vous me donnez.
Je suis un enfant de dix ans… J’ai un père, une mère, des frères et des sœurs qui tous s’aiment beaucoup.
Je suis un garçon de 16 ans vif et motivé, qui n’a qu’un espoir : rencontrer au plus vite celle qu’il aimera.
Je suis un futur marié de vingt ans au cœur palpitant.
Je peine à me souvenir des vœux… que j’ai promis d’honorer.
Maintenant âgé de 25 ans, j’ai désormais des enfants qui ont besoin de mes conseils … et d’un foyer heureux et sûr.
À 30 ans,… mes enfants grandissent vite, unis comme les doigts d’une main par des liens qui devraient être durables.
À 40 ans, mes jeunes fils… sont devenus grands et sont partis, mais ma femme est toujours à mes côtés… pour voir que je ne leur en veux pas.
À 50 ans, à nouveau… des bébés jouent autour de moi, à nouveau, il y a des enfants à la maison… ma bien-aimée et moi.
Le pire n’est plus à venir, il est déjà là … Ma femme n’est plus.
Je me tourne vers le futur … Je tremble de peur.
Car tous mes enfants ont désormais leurs … propres petits.
Et je pense au temps qui passe … et à tout l’amour que j’ai reçu.
Je suis désormais un vieillard … et la nature est particulièrement cruelle.
La vieillesse est une mauvaise blague qui nous fait paraître stupides.
Le corps s’écroule… La grâce et la vigueur disparaissent.
Il ne reste plus qu’une pierre… là où, autrefois j’avais un cœur.
Mais au fond de cette vieille carcasse, il reste un jeune homme, tapi dans l’ombre, et de temps en temps… mon cœur épuisé s’emballe lorsque je me souviens de tous les moments joyeux.
Je me souviens aussi des moments douloureux.
Et j’aime et je vis de nouveau ma vie.
Je repense à toutes ces années, bien trop peu nombreuses… bien trop vite parties.
Et j’accepte ce triste état de fait … Rien ne dure éternellement.
Ouvrez donc les yeux… Ouvrez les yeux, et regardez bien.
Je ne suis pas un vieil homme grincheux.
Regardez de plus près… et admirez-MOI !!
Bernard Kroemer nous adresse «cette petite vidéo, pas bien récente, mais qui s’adapte bien au contexte, me semble-t-il» et qu’il vient de recevoir d’un ami malade : » un peu d’espoir…. »
« Profitez du beau temps qui nous est offert… », termine Bernard.
Pendant que l’Humanité souffre, la Terre respire mieux !
«On va bientôt mettre nos voiture à la casse. Regardez la baisse de pollution depuis le confinement !», conseille Madeleine Griselin.
Site sur la baisse de la pollution en Europe :
https://www.notre-planete.info/actualites/4651-pollution-air-coronavirus-Europe
et en Chine :
et ci-dessous, la huitième étape de notre feuilleton quotidien « Péleriner confinés » par Denise Péricard-Méa.
Nicole
Péleriner confiné, étape n° 8
1620, Pèlerins vecteurs de la peste
Au XVIe siècle, au long du camino francés où les pèlerins se font de plus en plus nombreux, la peste s’en donne à cœur joie. Elle s’installe en Galice. Tout au long des XVIe et XVIIe siècles, la coutume d’envoyer des pèlerins français à Compostelle a perduré, au grand dam des autorités qui tentent de prendre des mesures.
L’image ci-dessus, du XIVe siècle, étonnamment colorée, donne une idée de l’afflux des cercueils face à l’unique terrassier.
Durant l’hiver 1517-1518, les pèlerins qui reviennent de Compostelle sont refoulés à Bayonne : « L’on fait inhibition et défense à tous les passeurs et autres privés et étrangers qu’aucun ne soit assez hardi de faire passer la rivière ».
Quelques mois plus tard, la peste a gagné toute l’Espagne et l’interdiction se durcit à Bayonne (40 jours de bannissement et punition à la discrétion des édiles).
En 1569, la ville de Compostelle prend des dispositions contre les pèlerins « vagabonds sous l’apparence et cause de pèlerinage […] atteints de maux contagieux ». Leur séjour est interdit au-delà de trois jours sous peine d’être attachés au rollo (pilori) pour une durée de quatre heures et de recevoir 200 coups de fouet si, après avoir accompli la première peine, on les retrouve en ville « sans avoir un maître ».
En 1577 la municipalité de Léon recherche une ou deux personnes our la garde des ponts pour empêcher « l’entrée dans cette ville des pèlerins ou des pauvres qui viennent de Compostelle et de Galice parce qu’on a appris que dans ces terres sévit la maladie de la peste ». Deux mois plus tard on insiste pour faire garder les portes de la ville pour cause de peste en Galicia y Vierzo.
En 1620, l’Espagne tente de fermer ses frontières. Dans les archives du Centro del Patrimino Documental de Euzkadi, plusieurs documents exhortent les administrations locales à empêcher l’entrée en Espagne des français en pèlerinage à Compostelle. Cette année là, exemple parmi d’autres, Elbeuf, en Normandie, contrée décimée par une peste terrible, envoya des pèlerins pour implorer saint Jacques :
« … faire un dévot pèlerinage tant pour obtenir du ciel de faire cesser le fléau que pour prévenir le retour par la bienveillante intercession de ce saint dont les reliques sont encore à Compostelle ».
Bravant toutes les interdictions, 80 ans après, en 1698, les habitants d’Elbeuf continuent à exécuter leur vœu de pèlerinage annuel « à protexion du glorieux Saint Jacques le Grand ».
Le coronavirus m’a incitée à consacrer trois étapes à ce fléau que fut la peste. A partir de demain je vous propose de marcher avec des pèlerins de toute sorte, dont des textes gardent la trace, plus ou moins effacée. Ensemble, ils donnent une image de ce peuple pèlerin dispersé dans le temps et l’espace. Faite d’individus tellement différents, elle montre qu’il est illusoire de vouloir les classer en catégories.
Denise Péricard-Méa
demain, la suite : Pèleriner à la mémoire de Jean Mouton
retour à la première étape : Jérôme Münzer part précipitamment de Nüremberg