Vous trouverez dans notre copieux envoi du jour des sujets variés :
- l’histoire de Typhoid Mary, découverte par René Michaux
- les réponses aux quizz envoyés par Jean-Claude Simard le 8 avril dernier, et que vous attendiez tant (Prochainement de nouveaux quizz….)
- de nouvelles informations sur la cathédrale Notre-Dame de Paris
- des liens qui peuvent, selon vos intérêts, rendre service, vous distraire, vous permettre de vous exprimer…..
Porteur sain du coronavirus ? Espérons que votre parcours sera différent de celui de Typhoid Mary !
Typhoid Mary
La notion de porteur-sain est parfois difficile à appréhender.
Un porteur-sain ne présente pas de symptômes, semble en pleine forme, mais reste pour les personnes qu’il rencontre une source de contamination d’autant plus importante qu’il ne s’imagine pas malade.
Un des cas les plus célèbres de porteur-sain a été identifié au début du XXième siècle à New-York. C’est même probablement le premier cas étudié.
Pas de coronavirus dans ce cas, pas de grippe, pas de SRAS ou autre nouvelle maladie, mais la fièvre typhoïde, causée par une bactérie du genre salmonelle.
Mary Mallon, émigrée irlandaise, arrive en Amérique en 1884 à l’âge de 14 ans.
Robuste, et de forte constitution, elle travaille comme employée de maison, lingère, puis occupe des emplois de cuisinière dans des familles bourgeoises de New-York.
Sa spécialité : la glace à la pêche, sans cuisson bien entendu …
Fin 1906, plusieurs cas de typhoïde s’étant déclarés au sein d’une même famille, un spécialiste des épidémies, George Soper, lance une première enquête qui conclura d’abord à une intoxication par des fruits de mer. Il complète néanmoins son étude en rencontrant Mary, et émet l’hypothèse que la cuisinière pourrait être à l’origine de la contamination.
Mary se refuse catégoriquement à tout examen médical, et s’estime même persécutée par les autorités.
Une recherche de ses précédents employeurs démontre qu’elle a probablement contaminé les familles où elle travaillait depuis au moins l’année 1900 … changeant régulièrement de poste après chaque apparition de la maladie ; maladie qui survenait en général une quinzaine de jours après son entrée en fonction.
Les autorités sanitaires de New-York décident de l’arrêter, et vont prononcer à son encontre une quarantaine de … 3 ans. [nous n’y sommes pas encore]
Mais, déjà à l’époque, les méthodes utilisées pour lutter contre les épidémies ne faisaient pas l’unanimité. La quarantaine qu’elle effectuait dans une clinique est finalement abandonnée par décision du médecin chef du département de la santé de l’état, sous la pression des avocats de Mary.
Mary Mallon s’engage alors à ne plus travailler comme cuisinière et à prendre toutes les précautions pour éviter de contaminer d’autres personnes. Premiers gestes barrière ?
Elle travaillera donc comme lingère.
Mais l’économie reprend le dessus ! Le salaire de lingère n’est pas aussi intéressant que celui de cuisinière.
Pas de problème, Mary Mallon change de nom, et recommence une carrière de cuisinière sous le nom de Mary Brown.
En 1915, on la retrouve aux cuisines d’une maternité de New-York … Quinze cas de typhoïde dont quelques cuisiniers, ça intrigue !
Elle est finalement arrêtée et mise définitivement en quarantaine dans un hôpital de New-York. Elle y décèdera en 1938 d’une pneumonie, après 23 ans de quarantaine.
Il est assez surprenant de retrouver dans son histoire tous les ingrédients de la pandémie actuelle : d’abord on ne comprend pas ce qui se passe, puis on prend des mesures de quarantaine stricte, on critique ces mesures, on les assouplit … l’aspect économique reprend le dessus … et on finit par prendre des mesures encore plus strictes (nous ne sommes pas encore à ce stade).
Reste que le terme « Typhoid Mary » est passé dans le langage courant américain pour désigner un porteur-sain.
Pour en savoir plus :
- sur Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mary_Mallon
- sur France-Culture : https://www.franceculture.fr/histoire/mary-typhoide-une-vie-en-quarantaine
- et en anglais : https://www.washingtonpost.com/history/2020/03/17/typhoid-mary-st-patricks-day-coronavirus/
Les réponses au Quizz du 8 avril
Notre-Dame de Paris
Madeleine Griselin conseille de
voir en replay le documentaire du 14/04 sur France 2 ‘Sauver notre dame‘. C’était formidable.
Danielle Brun-Vaunier nous fait parvenir un cahier spécial du Pèlerin : Patrimoine – Les très riches heures de Notre-Dame de Paris
Les très riches heures de Notre-Dame de Paris
Elle nous transmet également des adresses de sites confinement/Covid :
- La Rodia Besançon propose des contenus sous forme de playlists ou de podcast pour toutes les activités et humeurs du jour : http://www.larodia.com/2020/03/Playlists-sp%C3%A9ciales-confinement.html
- Un site pour témoigner pour l’Histoire, pour ne pas oublier, recueillir et centraliser la parole : https://generationcovid.fr/
- Une plate-forme qui complète le dispositif « Renforts-Covid ».
Créée par l’ARS, relais du Ministère des Solidarités, « Prêter main forte », est à la recherche de bénévoles dans toute la France. Toute personne dont le profil métier permet de prêter main forte quelques heures ou quelques jours peut se porter candidat (e) sur le site : https://www.pretermainforte.fr/front/home
et ci-dessous, la vingt-et-unième étape de notre feuilleton quotidien « Péleriner confinés » par Denise Péricard-Méa.
Nicole
Péleriner confiné, étape n° 21
« LE » saint Jacques des pèlerins du Moyen Age
Saint Jacques vénéré à Compostelle est l’un des deux apôtres de ce nom, le Majeur, fils de Zébédée. Le second est le Mineur fils d’Alphée, frère ou cousin du Seigneur, évêque de Jérusalem. Mais il est désigné de tant d’autres qualificatifs (le Juste, le fils du charpentier, le Petit …) que même les théologiens se sont perdus dans son identité.
Le Majeur est considéré, au Moyen Age, comme auteur de l’Épître, des Actes et même d’un Évangile. [voir mes explications dans l’étape 23]. Très souvent lue, même à Compostelle, l’Épître a donné naissance à l’Extrême-Onction, liée à la figure du » passeur des âmes « , popularisée par la légende de Charlemagne au XIIe siècle.
Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les prêtres de l’Eglise, et qu’ils prient sur lui, l’oignant d’huile au nom du Seigneur. Et la prière de la foi sauvera le malade ; le Seigneur le soulagera, et s’il a commis des péchés, ils lui seront remis
De l’Évangile de Jacques sont retenus tous les épisodes de la vie de la Vierge. Des Actes provient l’idée que, pendant dix ans, saint Jacques a guéri au nom de Jésus, d’où l’image de la transmission de ce pouvoir par le don d’une verge (étape 15).
Dans la pratique, on trouve le plus souvent l’unique appellation « saint Jacques apôtre ». Par exemple, en 1150, l’église de Saint-Jacques-des-Guérets (Loir-et-Cher) n’a que « saint Jacques » pour vocable. Au début du XIVe siècle, pour Dante, le poète, l’auteur de l’Epître est saint Jacques apôtre :
Ce pourquoi saint Jacques apôtre dit en son épître « Voici que l’homme des champs attend le précieux fruit de la terre… ».
Tout se fait selon une logique qui nous échappe. Exemple, entre 1175 et 1195 l’historien de l’abbaye Saint-Jacques de Liège passe de « saint Jacques frère du Seigneur » à « saint Jacques, frère de saint Jean l’Évangéliste » sans commentaire permettant de supposer un changement de vocable.
Le langage simplifié des images pousse à représenter le Majeur en pèlerin et le Mineur en évêque. Mais une observation plus fine montre très souvent qu’il n’en est rien. Ainsi, le saint Jacques de Moissac (à droite), dit le Majeur tient de Jacques évêque de Jérusalem avec son costume ou de Jacques le Juste avec ses cheveux et sa barbe hirsutes. Certains lui trouvent une ressemblance avec saint Jacques « frère du Seigneur, évêque de Jérusalem » dans le collège apostolique, au portail de Saint-Gilles. Le Majeur est, lui, l’auteur de l’Épître dont une phrase est gravée sur le Livre qu’il porte. Trop longue pour tenir sur le Livre, elle est terminée autour de l’auréole.
Ces textes et images, montrent saint Jacques compagnon du pèlerinage qu’est la vie et accompagnateur lors du passage dans le monde des Morts. Une ballade de la fin du XVe siècle, « Prière de saint Jacques apôtre », répète ce qu’on attend de lui dans chaque dernier vers des strophes,
bonnement pouvoir vivre et mourir.
Dès lors, il est évident que le seul sanctuaire de Compostelle ne peut répondre à tant de demandes et que se mettent en place une multitude de sanctuaires à reliques, en vertu du fait que chacune est un support à la prière, un élément concret faisant mémoire du saint, une « parcelle dure d’éternité », chaque morceau valant le tout.
Les pèlerins médiévaux ne s’y sont pas trompés, y compris ceux qui, arrivant à Compostelle, se souviennent des reliques qu’ils ont rencontrées en chemin. Le pèlerin de Valenciennes Jean de Tournai, en 1490, conclut :
Pour conclusion, je n’en veux point faire débat. Saint Jacques est en Paradis.
Dix ans plus tard, un chevalier allemand, Arnold von Harff aboutit aux mêmes déductions dès Venise et « laisse ces confusions des prêtres au jugement de Dieu ». Arrivé à Toulouse où il voit encore saint Jacques, il ne mentionne même plus son étonnement. A Compostelle il se fait vertement réprimander en posant des questions.
Un miracle a fait découvrir à Compostelle un tombeau attribué à Jacques le Majeur. Respectueuse de ceux qui donnent foi à ce miracle, une association dit de Compostelle qu’elle est la » résidence » de Jacques le Majeur, devenu Jacques-de-Compostelle.
Des pèlerins montreront demain qu’il a de nombreuses » résidences secondaires « .
Denise Péricard-Méa
demain : Pèleriner ailleurs qu’à Compostelle
retour à la première étape : Jérôme Münzer part précipitamment de Nüremberg