Marcelle et François Puel ont fait parvenir le récit de la marche qu’ils ont effectuée de leur domicile, près de Besançon, jusqu’à Einsiedeln en Suisse. Voici le début de leur aventure, racontée d’une plume alerte… Pour connaître la suite, il suffit de télécharger le fichier pdf ci-dessous pour arriver au but et pour apprécier les magnifiques photos qu’ont prises Marcelle et François tout au long de leur parcours. De quoi donner envie de se lancer aussi sur ce chemin de pèlerinage…
En 2012, nous avons fini notre chemin « Besançon – Compostelle ».
A la lumière du récit du Frère Benoît de l’abbaye d’Acey : Un moine comtois à pied vers Notre-Dame des Ermites (Einsiedeln, Suisse) nous avons eu envie de nous lancer dans ce chemin vers Einsiedeln.
En Franche-Comté, le pèlerinage à Einsiedeln était traditionnel, à pied, en train, en voiture, en bus ….La grand-mère d’une de mes cousines, y a fait son voyage de noces dans les années 1910.
Pour pouvoir utiliser des chemins balisés et les hébergements répertoriés, nous décidons d’emprunter la Via Francigena de Besançon à Yverdon. Puis par le train, nous rejoignons Payerne où nous prenons pied sur la Via Jacobi, sentier suisse n°4 qui mène du lac Bodensee à Genève, et nous le suivons à l’envers jusqu’à Einsiedeln.
Mardi 5 Août 2014, nous partons de chez nous à Palente, passons par Brégille, le Trou au Loup (en travaux, donc accessible aux piétons) et rejoignons la Francigena à l’entrée des marais de Saône. Après avoir été reçus royalement par des amis à Foucherans, on rejoint mercredi 6, la vallée de la Loue en faisant un petit détour par ND du Chêne. La halte au gîte de Vuillafans est spartiate. Puis Jeudi 7, les gorges de Nouailles sous une saucée carabinée qui ne nous permet pas de bien profiter du beau paysage, mais c’est la récompense en fin d’étape par un accueil très chaleureux à Ouhans.
Pourquoi y-a-t-il tant de campanules sur la Via Francigena ? C’étaient de petites clochettes qui voulaient partir à Rome comme leurs grandes sœurs. Mais trop petites et trop faibles, elles ont dû (à l’aller ou au retour, je ne sais pas) se poser et elles ont pris racine.
Vendredi 8, c’est Pontarlier où nous sommes reçus par la petite-fille de la grand-mère citée ci-dessus.
Christiane nous emmène à la rencontre de la Vierge Noire d’Einsiedeln dans l’église St Bénigne avec ses vitraux de Manessier. Puis un très beau moment au presbytère avec l’apprenti curé heureux d’apprendre qu’on va à Einsiedeln. Il tamponne notre credencial. Il nous montre la bulle qui authentifie la Vierge Noire. Il nous raconte aussi que les mères qui ont perdu un enfant viennent prier devant la statue d’une vierge qui a été vandalisée et à laquelle on a pris Jésus. L’Esprit de Dieu souffle où il veut…
Samedi 9, notre dernière étape française, temps maussade, la pluie menace, arrive, se calme, reprend … Chemin étroit, boueux, labouré, défoncé par des chevaux qu’on a croisés. Au Centre de Rencontres de L’Auberson, on est les seuls hôtes. Accueil sympa, chambre confortable, lessive et séchage machine.
Dimanche 10 : Temps gris et brouillasseux. Montée au col des Étroits par un chemin humide bordé de fleurs et de framboises. Descente sur Sainte Croix où on fait des courses. Le sac de François s’alourdit trop.
Belles éclaircies dans les gorges de Covatanne, dommage que le sac trop lourd fasse mal aux genoux de François.
Traversée des marais et quatre km fastidieux d’entrée dans Yverdon. C’est encore les quatre terribles derniers kilomètres auxquels on ne peut jamais échapper, comme le dit Alix de Saint André dans son livre “en avant route“.
La gérante que l’on joint au téléphone nous dit «j’arrive» …. Elle arrive effectivement … 2 heures plus tard ! Les horaires suisses sont parfois surprenants. Heureusement, las d’attendre, on a pu se doucher, laver et faire sécher le linge au soleil. Soirée au bord du lac, belle lumière, moment agréable.
Lundi 11 : il a plu toute la nuit, ça s’arrête quand on part et c’est une vraie balade au bord du lac et dans les marais. Lumière magnifique sur les menhirs de Clendy. Puis on monte, on monte, il fait chaud au milieu des vergers qui dominent le lac. Et il recommence à pleuvoir, dans les sentiers boueux et glissants d’un “parcours santé”, on se casse la figure ou plutôt on sculpte notre corps d’après les panneaux. On rêve de goudron… On n’est jamais contents ; devise de François : rando pluvieuse, rando boueuse. A Yvonand, on déclare forfait et on prend le train pour Payerne où on se fait une joie de visiter l’abbatiale. Oh désespoir, elle est fermée le lundi. On reviendra en voiture la revoir plus tard.
Sinon, on voit beaucoup d’affiches annonçant le meeting aérien célébrant les 100 ans de l’aviation suisse.
Mardi 12 : On rejoint le Chemin de Compostelle sous le soleil. Des travaux nous détournent de notre chemin mais nous permettent de voir des hangars où sèche le tabac. Plus tard, plus d’indication, plus de chemin tracé. On fait quelques allers retours pour finir par retrouver les balises sur la route. Un beau chemin suit l’Argogne des restes d’aqueduc romain, on remonte vers Noréaz. On voit encore le Jura vers l’ouest et les Gastlosen (où on a randonné il y a quelques années) vers l’est. Routes et chemins en forêt qui montent et descendent. Descente raide et boueuse et des escaliers vers le lit d’une rivière, la Sonna. On croise les premiers pèlerins, ils ne vont qu’à Lausanne, car leurs vacances sont bientôt finies. Belle Croix : Croix de St Jacques qui, après s’être baladée est revenue à l’endroit historique et c’est l’entrée de Fribourg.
On en a plein les pattes et on n’a pas le courage de ressortir de l’Auberge de Jeunesse pour visiter Fribourg.
Mercredi 13 : on descend dans la Basse Ville de Fribourg, vieille ville médiévale. Des fontaines, des statues superbes jalonnent le chemin. Les vitraux de la cathédrale, une splendeur, et au sol, une plaque à la mémoire du chanoine Bovet cher à tous les choristes. Magnifique Pont de Berne en bois sur la Sarine. A la sortie, des pancartes partout mais on n’en voit aucune indiquant la “Via Jacobi”, ni Schwarzenburg. On se rendra compte après coup qu’il aurait fallu monter vers la Ville Haute. On n’a pas regardé la carte avec assez de soin. On finit par prendre la direction de Tafers (Tavel) par les magnifiques gorges du Gotteron très humides, très escarpées avec des passerelles passant d’une rive à l’autre, et même un éboulement de terre glaise où je manque laisser une chaussure et où j’ai eu grand besoin de la main secourable de François.
On est entré dans les régions de langue allemande, “Sentier Pédestre” est remplacé par “Wanderweg”.
Ce n’est qu’à St Anton qu’on retrouve le balisage. On a fait une variante très belle bien que très arrosée mais on a raté quelques beaux sites de la voie normale.
A St Anton on rencontre 2 pèlerins qui viennent de Constance et qui sont ravis de discuter avec nous dans notre mauvais allemand. C’est très sympa. Il ne pleut plus mais nous sommes “gaugés” et on va manger au restau. Une belle éclaircie et cette fois on voit toutes les belles choses prévues au programme : pont de bois de Sodbach, gorges de la Singine, chemins étroits empierrés avec les galets de la rivière, encaissés dans les roches de molasse avec des creux servant d’abris pour les charretiers qui ne pouvaient pas rester à côté des chars. On est entré dans le canton de Berne.
On arrive à Schwarzenburg avec une très belle vue sur les montagnes de Gruyère.
Après avoir un peu erré, une dame sympa nous emmène à notre adresse pas évidente à trouver. Très bon accueil par Anne-Marie et Daniel qui parlent français et avec qui on partage le repas et la tisane baptisée du “pèlerin”. Daniel nous raconte son métier de la protection civile, nous fait un petit texte en allemand pour qu’on puisse réserver une chambre au téléphone les jours suivants. Il se bat avec son téléphone et son imprimante pour nous trouver une église, un horaire de messe pour le 15 août à Thun. Cela change un peu notre planning et notre itinéraire, mais on ne le regrettera pas.
La suite est à lire sur le fichier pdf ci-dessous où se trouvent également les photos prises depuis le départ de Palente….