Pas de buis béni pour ce dimanche de fête des Rameaux !
Nombre d’adhérents regrettent sans doute de n’avoir pu être réunis pour ce jour de fin de carême et début de semaine sainte.
Mais voici, transmis par Jacques Sutter, « un texte de sœur Marie-Claire de Ronchamp sur une méditation de carême, tellement d’actualité sur la situation de notre monde. Gardons confiance et espérance et pensons à ceux qui œuvrent à notre service et pour l’avenir ».
Qui eût pensé qu’un temps de carême
où l’on prône à tous vents un changement de vie radical,
un séjour au désert privé de toute sécurité,
une vie de sobriété, une vie intérieure basée sur le jeûne, la prière, le partage…
un temps où se pratiquent des valeurs essentielles
trop souvent dévorées par le temps, la vitesse, la multiplicité de voyages et d’activités
tuant parfois la vie familiale et la gratuité dans une course effrénée,
la course à l’argent, au prestige, au pouvoir…
Qui eût pensé que tout cela, un jour, brutalement, serait mis en acte
comme en un grand carême mondial, universel, inéluctable,
révélateur d’un besoin urgent dont on ne soupçonnait pas le prix et la venue,
comme une épreuve initiatique s’imposant à tous,
questionnant notre liberté ?
Il a suffi qu’un virus inconnu s’introduise en Chine,
d’abord caché, bientôt connu, étudié, identifié, nommé coronavirus,
semant la mort ou ses dangers, se répande très vite
par des porteurs infectés ayant essaimé sur tous les continents…
La mondialisation est là, sous nos yeux,
et pour quels effets ?
Afin de juguler la contamination,
voici des villes entières en quarantaine, dont les rues sont désertes, en silence de plomb.
Voici des industries à l’arrêt, privées de transactions.
Voici interdits tous rassemblements de sport, d’art ou de commerce.
Voici désertés les hôtels de luxe où n’arrive plus la clientèle qui roule sur l’or.
Les écoles fermées, les stations délaissées,
les familles en confinement (huis clos éprouvant !)
Les rassemblements religieux eux aussi supprimés.
Les hôpitaux sont bondés, les services d’urgence saturés.
La panique est à bord dans les géants des mers : bateaux de croisière devenus prisons,
sans escale possible… rejet devant le danger !
Pauvres et riches sont à la même enseigne dans leur fragilité,
leur condition humaine si vulnérable,
dont ils n’avaient jamais autant pris conscience, que ces jours-ci…
Cette privation soudaine de toutes relations,
de liberté, d’espoir de vivre ou de s’éclater, est-elle possible, est-elle vivable ?
A quoi nous mène-t-elle ? A-t-elle un sens ?
Il y a de quoi se poser la question !
Les chercheurs se mobilisent pour trouver un vaccin…
Médecins et soignants se donnent sans compter
pour que le souffle ne vienne à manquer en de nombreux patients.
Les politiques s’affairent pour gérer la crise, préserver les populations,
relancer l’économie dont les cours en bourse s’effondrent.
Partage, solidarité, responsabilité, sont les maîtres-mots
de cette entraide généreuse pour la vie.
Le jeûne de tout ce qui nous tient à cœur et nous disperse
va-t-il nous aider à retrouver l’essentiel de nos vies ?
Gigantesque taille de l’arbre, élagage de toute branche morte,
élimination de tous les gourmands, de tous les troncs pourris,
au profit de rejetons qui sont là, bien vivants, presque inaperçus,
Ils existent pourtant !
Que va-t-il nous rester de ce qui nous manque,
ce dont, peut-être, nous n’aurons plus besoin ?
Et la prière, en tout cela ?
On n’en parle sans doute pas beaucoup,
mais la relation à Dieu, pour soi et pour les autres,
est une réalité qui se révèle capitale.
L’Esprit est là, toujours, au fond des cœurs
qui se relient à son mouvement plus rapide que la lumière
et nous propulse en avant.
Même si les églises sont fermées, il reste en chacun
la chambre intérieure et secrète où Dieu se tient présent,
la communion dans l’invisible,
le soutien spirituel qui est promesse de vie,
de vie présente et éternelle.
Jésus est parmi nous, dans la tempête et au-delà,
guidant l’humanité vers de nouveaux rivages.
C’est la Pâque du Seigneur et de son peuple appelé à ressusciter.
Et Notre Dame du Haut, tournée vers l’horizon,
veille sur tous avec amour.
Sœur Marie-Claire, Clarisse
Danielle Brun-Vaunier ajoute :
L’hôtellerie des Clarisses du Monastère Sainte-Claire de Ronchamp est fermée pour cause de confinement.
Mais, habituellement, les sœurs accueillent des visiteurs et des pèlerins de tous les horizons qui souhaitent les rencontrer, échanger ou prier avec elles, séjourner quelques temps à l’accueil du monastère dans une quête d’intériorité, de ressourcement, de réflexion, personnellement ou en groupe.
En savoir plus sur le monastère : http://www.clarisses-a-ronchamp.fr et http://www.collinenotredameduhaut.com/decouvrir/le_monastere_sainte-claire.1373.html
Avoir des nouvelles de la communauté religieuse des Clarisses de Ronchamp sur RCF :
https://rcf.fr/spiritualite/des-nouvelles-de-la-communaute-clarisse-64
et ci-dessous, la dixième étape de notre feuilleton quotidien « Péleriner confinés » par Denise Péricard-Méa.
Nicole
Péleriner confiné, étape n° 10
Des chevaliers français à Compostelle au XIVe siècle
Au XIVe siècle, la France et l’Espagne ont un ennemi commun, l’Angleterre. En 1386, deux demi-frères se disputent le trône de Castille, l’un soutenu par la France, l’autre par l’Angleterre. Nos chevaliers français sont incités « à combattre les Anglais de la même façon que Charlemagne l’avait fait pour les Sarrasins ».
Une expédition est montée
Froissart, chroniqueur contemporain, raconte : 300 chevaliers et écuyers français quittent La Rochelle pour défendre La Corogne de l’arrivée des Anglais. Ils arrivent le 14 mai et, en attendant, décident d’un pèlerinage à Compostelle.
« Ils se mirent en chemin tous ensemble, comme s’ils partaient à la bataille. A peine arrivés, on leur dit que les Anglais arrivent ».
Effectivement, le duc de Lancastre débarque à la Corogne avec 800 lances et 1 200 archers. Hélas devant le nombre, les chevaliers français prennent la fuite, pris de panique. Ils n’ont pas été prêts à jouer les héros de roman et à se faire tuer pour défendre le tombeau de saint Jacques. Ils battent en retraite.
Tranquillement, le duc se dirige vers Saint-Jacques « avec toutes les dames en sa compagnie. Vous devez savoir que le pays de Galice était très effrayé car il le craignait très fort ». Le maréchal des troupes anglaises précède le prince. Il trouve les portes de la ville fermées. Il demande aux compostellans d’ouvrir leurs portes et ajoute : « Sachez que, si vous êtes pris de force, vous serez tous mis à l’épée ».
Les habitants rappellent qu’ils ont juré fidélité au roi Henri et à son fils Jean, mais les ambassadeurs refusent cet argument. Les habitants comprennent qu’ils ont tout intérêt à s’incliner et viennent en procession porter au duc les clefs de leur ville.
Le texte sous l’image se lit ainsi : « Comment le capitaine et ceux de la ville de Saint-Jacques vinrent au-devant du duc de Lancastre et la duchesse et leur baillèrent les clefs ».
Les héros furent les Anglais qui, fort élégamment, entrèrent en la ville de saint Jacques et allèrent tout droit et à pied à l’église de saint Jacques, duc, duchesse et tous les enfants et se mirent en oraison et a genoux devant le benoit corps saint et baron de saint Jacques et y firent grandes offrandes et biaux dons ».
Quelques mois plus tard, le roi d’Espagne accepte de nouveau l’aide du duc de Bourbon, venu de France avec 400 hommes. Hélas, quand ils arrivent, les Anglais sont repartis, chassés par la peste [j’avais oublié mais ça tombe bien !]. De toute façon, les Galiciens ne voulaient plus entendre parler des Français. Ils demandent au roi de repousser cette aide inutile, rappelant que les chevaliers avaient fui devant l’ennemi ! Pire, disent-ils « notre terre est gâtée et toute mangée et foulée par ces Français qui étaient chargés de la garder. Nous avons eu trop de dommages ». Ils demandent au roi de « remercier le duc de Bourbon pour la peine et le travail qu’il a eu, et qu’il leur dise, au nom du ciel, de retirer ses gens ».
Demain suite de l’histoire d’un des chevaliers qui accompagnait le duc de Bourbon.
Denise Péricard-Méa
demain, la suite : Chevaliers – pèlerins de père en fils
retour à la première étape : Jérôme Münzer part précipitamment de Nüremberg