Les 22 miracles de Saint-Jacques

cités dans le Codex Calixtinus

Introduction

En ce XXIème siècle, l’an 2022 est une année sainte compostellane exceptionnelle le 25 juillet tombant un lundi. En effet, depuis le XIVe me siècle, une année jubilaire ou sainte compostellane est décrétée chaque fois que le 25 juillet, fête principale de l’apôtre Jacques, tombe un dimanche. Cet évènement survient donc au rythme de 6, 5, 6 et 11 ans soit plus ou moins quatorze fois par siècle (cycle périodique de 28 ans). En raison de la crise sanitaire, un décret papal a prolongé l’année jacquaire 2021 jusque fin 2022.
Afin d’honorer notre saint patron en cette année jacquaire exceptionnelle, nos 7 associations jacquaires de Bourgogne – Franche-Comté se sont réunies et un collectif s’est constitué.
Plusieurs marches ont été organisées autour des dates retenues pour fêter saint Jacques : 25 mars, 25 juillet et 6 octobre. La date de la fête des miracles de saint Jacques est fixée au 3 octobre.
Le Codex Calixtinus est inscrit depuis 2017 au registre international « Mémoires du Monde », dans le cadre du patrimoine documentaire et le livre II décrit 22 miracles attestés de saint Jacques. La légende de Compostelle de Monsieur Bernard Gicquel est la première traduction intégrale en français du Codex Calixtinus.
Année 2022 : le collectif inter-associatif retient l’idée d’un recueil illustrant ces 22 miracles.
Chaque association s’est vu attribuer trois miracles : recherches, mutualisation des trouvailles, réunions Zoom, échanges et travail en commun. Le 3 octobre 2022, parution du recueil en PDF sur les 7 sites associatifs.

Marie-France Faignoy


L’Af-ccc vous propose dans cet article de parcourir ces 22 miracles. Vous pourrez télécharger le recueil dans son intégralité en fin d’article.


MIRACLE I

DE VINGT PRISONNIERS FAITS PAR LES MOABITES ET LIBÉRÉS PAR L’APÔTRE.

PAPE CALIXTE

Interprétation des « Moabites prisonniers » de James Tissot
Par Gérald Béhuret

Le bienheureux apôtre Jacques, premier des apôtres à avoir subi le martyre, ne ménagea pas la sueur de son front pour éradiquer, au moyen des signes innombrables de ses miracles, la rudesse des gentils qu’il irrigua par la prédication de la sainte doctrine. Et détenteur, par la faveur divine, d’un tel pouvoir quand il était dans l’exil d’ici-bas, maintenant que dans la félicité éternelle il essuie la sueur de son travail avec le linge de la rétribution, il répand de manière plus que suffisante la manifestation de son pouvoir sur ceux qui ne cessent de le requérir en cherchant à le toucher par une demande opiniâtre.
C’est pourquoi, quelque miracle que nous ayons appris et vérifié nous-même, nous l’exposons assez clairement pour l’information des générations à venir dans la série de récits qui composent ce volume.

Alors que, du temps du roi Alphonse, la fureur des Sarrasins grandissait de plus en plus en Espagne, un comte, du nom d’Ermengaud, voyant la religion des chrétiens abaissée par l’assaut des Moabites, s’entoura d’une puissante armée et s’attaqua à eux dans le but de défaire leur violence par un combat victorieux.
Mais sa défense fut prise en défaut malgré les efforts déployés et son entreprise se solda par un échec. C’est pourquoi la sauvagerie de l’ennemi exalté d’orgueil emmena en signe de victoire vingt hommes baptisés, dont l’un faisait office de prêtre, en captivité dans la ville de Saragosse.
Là, confinés dans les insupportables ténèbres de la prison, semblables à l’obscurité perpétuelle de l’enfer, et ligotés avec des chaînes de toutes sortes, ils se mirent, sous le coup d’une inspiration divine et sur les conseils du prêtre, à invoquer saint Jacques :

« Jacques, valeureux apôtre de Dieu, toi qui remédies aux difficultés de ceux qui souffrent pour leur piété, hâte-toi, en tendant la main de ta consolation, de nous arracher aux gémissements d’une captivité aussi inouïe et aux liens qui nous oppressent fort, pour nous rendre par ta bienveillance à la liberté. »

À peine le bienheureux Jacques avait-il entendu leur appel désespéré, qu’il leur apparut radieux dans les ténèbres de leur prison et leur dit :
« Me voici donc, puisque vous m’avez appelé. » Revigorés par la bienveillance d’une telle déclaration, relevant leurs visages qu’ils tenaient collés contre leurs genoux à cause de leur grande souffrance, ils se jetèrent à ses pieds. S’apitoyant sur eux jusqu’aux entrailles, le bienheureux Jacques brisa leurs chaînes par son pouvoir.
Ensuite tenant les mains des captifs de sa droite puissante, il les fit sortir miraculeusement du cachot où ils étaient en tel danger et il les accompagna jusqu’aux portes de la cité.
Ces portes elles-mêmes, au signe de la croix et par respect pour l’apôtre, s’ouvrirent spontanément pour les laisser sortir et se refermèrent comme avant, quand ils furent sortis.

Longtemps après le chant du coq, aux premières lueurs de l’aube, le bienheureux Jacques, marchant devant eux, les conduisit à un château qui était tenu par les chrétiens.
Là, voyant qu’ils invoquaient son assistance, il s’éleva dans les cieux aux yeux de tous. Comme ils l’invoquaient à grand bruit, les portes s’ouvrirent et ils furent reçus à l’intérieur.
Le lendemain, ils sortirent et s’apprêtèrent à repartir chez eux. Peu de temps après, l’un d’entre eux, se rendant au tombeau de saint Jacques pour la célébration de sa translation, qui a lieu chez nous le 30 décembre, annonça à tous que toutes ces choses s’étaient produites comme nous les avons écrites.
Cela a été fait par le Seigneur et c’est admirable à nos yeux.
Que l’honneur et la gloire soient pour le Roi des rois dans les siècles des siècles. Amen.


MIRACLE II

DE L’HOMME QUI VIT L’AVEU DE SA FAUTE EFFACÉ SUR L’AUTEL DE SAINT JACQUES.

BÈDE LE VÉNÉRABLE

Londres Nl Gallery
NG4681, MD MD

Au temps du bienheureux Théodomir, évêque de Compostelle, il y eut un certain italien, qui avait commis autrefois un grand crime et qui osait à peine le confesser à son prêtre et évêque. Après en avoir entendu la confession, son évêque, effrayé par l’horreur d’une telle faute, n’osa pas lui donner l’absolution.
Cependant, mû par la pitié, il envoya le pécheur, en pénitence, sur le tombeau de saint Jacques, avec une cédule sur laquelle était écrit son péché. Il lui ordonna d’implorer de tout cœur l’aide du bienheureux Jacques et de se soumettre au jugement du responsable de la basilique apostolique.
Le pénitent se rendit sans tarder à Saint-Jacques de Galice et, se repentant d’avoir commis un si grand péché, il demanda, pleurant et sanglotant, à Dieu et à l’apôtre de lui pardonner, à la première heure du 25 juillet, jour de la fête de saint Jacques, et déposa sur le vénérable autel de celui-ci le récit de sa faute.
Lorsque le bienheureux Théodomir, à la tête du siège de Compostelle, se rendit à l’autel vêtu des ornements épiscopaux pour chanter la messe ce jour-là, à la troisième heure, il trouva la cédule elle-même sous la nappe de l’autel, et se demanda pourquoi et par qui elle avait été déposée là.
Quand le pénitent se fut avancé vers lui sur-le-champ et eut confessé non sans larmes son propre crime ainsi que l’ordre qui lui avait été intimé par son évêque, auquel il s’était présenté à genoux, en présence de tout l’auditoire, le saint prélat ouvrit la cédule et n‘y trouva rien de marqué, comme si rien n’y avait jamais été inscrit.
La chose admirable, la grande joie, la grande louange et la grande gloire furent chantées à Dieu et à son Apôtre, tandis qu’on disait : « Cela a été fait par le Seigneur et c’est admirable à nos yeux. »
Le saint évêque, croyant que le pardon de Dieu avait été obtenu par les mérites de l’Apôtre, ne voulut imposer à l’homme d’autre pénitence, pour le crime qu’il avait commis, que d’observer dorénavant le jeûne tous les vendredis, et, après lui avoir donné l’absolution pour ses fautes passées, il le renvoya dans son pays.
Il est donné ici à comprendre que quiconque se repent véritablement et se rend de loin en Galice, pour demander le pardon de Dieu et l’aide du bienheureux Jacques, verra sans doute la liste de ses fautes effacée pour toujours.


MIRACLE III

DE L’ENFANT QUE L’APÔTRE RESSUSCITA DANS LE BOIS D’OCA.

PAPE CALIXTE

Bnf. ms.fr.183 fol 38

En l’an 1108 de l’incarnation de notre Seigneur, en terre de France, un homme prit femme légitime selon la coutume, dans l’espoir d’une descendance. Bien qu’il eut vécu longtemps avec elle, il fut déçu dans cet espoir en raison de ses péchés. Fort affligé de manquer ainsi de progéniture, il décida de se rendre auprès du tombeau de saint Jacques et lui demander un fils de vive voix.
Que dire de plus ?
Sans délais, il se rendit au tombeau ; là, il se mit à genoux devant lui, pleurant, gémissant et le priant de tout son cœur. Cela lui valut d’obtenir ce qu’il avait demandé à l’apôtre de Dieu.
Selon la coutume, une fois terminée son oraison et en ayant demandé la permission à saint Jacques, il retourna saint et sauf dans son pays. Là, après s’être reposé trois jours et avoir fait sa prière, il connut sa femme et elle devint enceinte. Le temps accompli, elle donna

naissance à un fils, auquel il donna dans la joie de nom de l’Apôtre.
Lorsque cet enfant eut grandi et atteignit l’âge d’environ quinze ans, il se mit en route vers Saint-Jacques, avec son père, sa mère et quelques proches. Parvenu heureusement jusqu’aux monts d’Oca, il fut atteint d’une grave maladie et rendit l’âme. Comme frappés de folie, ses parents, se livrant à des transports furieux, remplirent les forêts et les bourgs de leurs lamentations et de leurs clameurs au sujet de sa mort. La mère, cependant, laissant éclater une plus grande douleur comme si elle avait perdu la raison, s’adressa à saint Jacques en ces termes :
« Saint Jacques, à qui Dieu a conféré le pouvoir de me donner un fils, rends-le-moi maintenant. Rends-le, te dis-je, parce que tu le peux. Si tu ne le fais pas, je vais me tuer tout de suite, ou je me ferai ensevelir vivante avec lui. »

Pendant ce temps, en présence de tous les assistants venus à ses funérailles pour l’accompagner jusqu’à sa tombe, l’enfant, par l’effet de la miséricorde divine et la prière de saint Jacques à Dieu, s’éveilla comme d’un lourd sommeil.
Tous les assistants, en proie à une joie très vive, glorifièrent Dieu d’avoir fait un tel miracle. L’enfant, revenu à la vie, se mit à raconter à l’assistance comment, de la troisième heure du dimanche jusqu’à la neuvième heure du samedi, saint Jacques avait recueilli son âme sortie de son corps dans son giron, c’est-à-dire dans le repos éternel, et, sur l’ordre du Seigneur, l’avait rendue à son corps : il l’avait pris par le bras droit et fait sortir du tombeau, pour qu’il retourne rapidement avec ses parents sur le chemin de Saint-Jacques, et le lui ordonna.

L’adolescent raconta combien son sort était meilleur dans cette patrie céleste que dans ce bas monde. Ensuite, il poursuivit son chemin avec ses parents jusqu’au tombeau de saint Jacques.
Que dire de plus ?
Il fut procréé grâce à la prière de l’apôtre et il fut offert devant le vénérable autel de celui-ci.
Cela a été fait par le Seigneur, et c’est merveilleux à nos yeux.
Qu’un mort ressuscite un mort, la chose est nouvelle et inouïe jusqu’à présent.
Saint Martin, de son vivant, ressuscita trois morts, et Jésus-Christ notre Seigneur en fit autant. Mais saint Jacques mort a ramené un mort à la vie. Si, comme on lit, Notre Seigneur et saint Martin n’ont ressuscité personne après leur mort, mais seulement des vivants.

Mais cette proposition doit être comprise ainsi. Si un mort ne peut ressusciter un mort, mais seulement un vivant, c’est donc que saint Jacques vit véritablement avec Dieu, puisque mort, il a ressuscité un mort. Ainsi, tant avant sa mort, n’importe quel saint peut, avec l’aide divine, ressusciter un mort.


Celui qui croit en moi, dit le Seigneur, ce que je fais, il le fera aussi, et il fera plus encore. Et ailleurs : Tout est possible à celui qui croit
.


MIRACLE IV

DES TRENTE LORRAINS ET DU MORT QUE L’APÔTRE TRANSPORTA EN UNE NUIT
DU PORT DE CIZE À SON ÉGLISE.

HUBERT DE BESANÇON

Musée diocésain de Solsona, province de Lérida (Espagne)
en provenance de l’église de

Il est prouvé par le miracle suivant de saint Jacques, fils de Zébédée, apôtre de la Galice, qu’est vrai ce qu’atteste l’Écriture : il vaut mieux ne pas faire de vœu que revenir sur un vœu que l’on a fait. On rapporte en effet que, en l’an du Seigneur 1080, trente héros de Lorraine avaient promis, par un vœu pieux, de se rendre sur le tombeau de saint Jacques de Galice. Mais, parce que l’esprit humain varie parfois, ils se jurèrent entre eux fidélité et assistance.
Cependant l’un d’entre eux ne voulut pas se lier par un tel serment. Enfin, tous ceux qui s’étaient mis en route comme convenu parvinrent sains et saufs jusqu’à la ville de Gascogne appelée Portam Clausam. Là, toutefois, l’un d’entre eux, empêché par la maladie, ne put continuer. Alors ses compagnons, sur la base du pacte conclu, le portèrent à grand- peine, à cheval et de leurs propres mains, jusqu’au port de Cize en quinze jours, alors que cette distance est parcourue en cinq jours par des gens sans bagages.

Alors surchargés et dégoûtés, ils abandonnèrent le malade, oubliant leur serment de fidélité. Le seul cependant qui n’avait pas prêté le serment d’accomplir l’œuvre de fidélité et de piété ne l’abandonna pas, prodigua ses soins au malade et, la nuit suivante, il le veilla dans le village de Saint-Michel, au pied du port de Cize.
Le jour venu, le malade dit à son compagnon qu’il tenterait de gravir la montagne, si lui, qui était en bonne santé, voulait bien lui apporter de l’aide selon ses forces. Celui-ci lui répondit qu’il ne l’abandonnerait pas, aussi longtemps qu’il serait lui-même vivant. Ils grimpèrent donc ensemble à grand-peine jusqu’au sommet de la montagne, et, à la tombée de la nuit, l’âme bienheureuse du malade quitta ce siècle effroyable et fut, sous la conduite de saint Jacques, transportée comme il convient en raison de ses mérites, dans le lieu de repos qu’est le paradis. Voyant cela, le vivant fut terrifié, tant par la solitude de l’endroit que par le froid de la nuit ou l’horreur en présence de la mort ; et l’existence, tout autour des ports, de la nation barbare et impie des Basques le terrifia on ne peut plus.
Et parce qu’il ne voyait aucune aide possible venir de lui-même ni de quiconque, tournant ses pensées vers Dieu, il demanda d’un cœur suppliant l’aide de saint Jacques. Le Seigneur, source de piété, qui n’abandonne pas ceux qui espèrent en lui, daigna visiter cet homme désolé par l’intermédiaire de son apôtre.
En effet, saint Jacques, chevauchant un cheval tel un soldat, se présenta à l’homme embarrassé et lui dit : « Que fais-tu ici, mon frère ? » « Seigneur, lui répondit celui-ci, je désire fort ensevelir ici mon compagnon, mais je n’ai pas de quoi l’enterrer dans cette solitude. » Alors le saint lui dit :
« Étends ici ce mort. Toi, monte derrière moi sur le cheval, jusqu’à ce que nous parvenions à un endroit convenable pour l’enterrer. » C’est ce qui se fit.
Le saint prit le défunt soigneusement dans ses bras et fit asseoir le vivant derrière lui sur le cheval.

Admirable puissance de Dieu, admirable clémence, admirable secours de saint Jacques ! Ils parcoururent pendant cette nuit la distance que l’on fait en douze jours et, avant le lever du soleil, il déposa ses deux compagnons à un mille de l’église de saint Jacques, à Montjoie, ordonnant au vivant d’inviter les chanoines de la basilique à ensevelir ce bienheureux pèlerin de Saint Jacques.
Il ajouta ensuite : « Quand tu auras vu les obsèques de ce pèlerin dignement célébrées et qu’après avoir passé la nuit en prière, selon l’usage, tu reviendras sur tes pas, tu iras à la rencontre de tes compagnons auprès de la ville appelée León, et tu leur diras : “Parce que vous avez été infidèles en abandonnant votre compagnon, l’apôtre vous fait dire par moi que vos prières et votre pèlerinage lui déplairont jusqu’à ce que vous ayez fait la pénitence qui convient.” » Comprenant, à entendre cela, qu’il était en présence de l’apôtre du Christ, il voulut se jeter à ses pieds. Mais le soldat de Dieu disparut à ses yeux. Ces choses ainsi faites, il trouva, sur le chemin du retour, ses compagnons dans la ville susdite. Il leur raconta dans l’ordre les choses qui s’étaient passées depuis leur départ et ce dont l’apôtre les avait menacés pour n’avoir pas respecté intégralement la promesse faite à leur compagnon. À cette nouvelle, ils s’étonnèrent plus qu’on ne saurait dire et, après avoir reçu une pénitence de l’évêque de León, ils poursuivirent leur pèlerinage. Et cela a été fait par notre Seigneur et c’est admirable à nos yeux. Telles sont en effet les choses que fait le Seigneur : exultons et réjouissons-nous en elles. Ainsi il est prouvé dans ce miracle que toute chose promise au Seigneur doit être exécutée de gaieté de cœur, parce que quiconque accomplit ses promesses obtiendra le pardon de Dieu.


MIRACLE V

DU PÈLERIN PENDU AUQUEL SAINT JACQUES PORTA SECOURS PENDANT TRENTE-SIX JOURS SUR SON GIBET

PAPE CALIXTE

Il miracolo – Lo Spagna (Giovanni di Pietro)
San Giacomo (Italie)

Il est bon de transmettre à la postérité le souvenir de certains Allemands qui, en l’an 1090 de l’incarnation de notre Seigneur, se rendant en pèlerins sur le tombeau de saint Jacques, arrivèrent dans la ville de Tolosa avec beaucoup de moyens et se logèrent chez un riche aubergiste. Ce méchant, qui simulait sous un extérieur avenant la douceur d’un agneau, les accueillit avec sollicitude et, sous couvert d’hospitalité, les incita traîtreusement à s’enivrer en leur servant diverses boissons.
Ô, avarice aveugle, ô, mauvais esprit enclin au mal !
Tandis que les pèlerins dormaient d’un sommeil encore alourdi par l’ivresse, l’hôte malhonnête, poussé par l’esprit de cupidité, cacha en secret dans l’un des sacs des dormeurs une coupe d’argent, afin de les convaincre de vol et de s’approprier ensuite leur pécule.
Le lendemain, lorsqu’ils furent partis après le chant du coq, cet hôte inique les poursuivit avec une troupe armée, vociférant : « Rendez-moi, rendez-moi l’argent que vous m’avez dérobé ! »
ceux-ci lui répondirent : « Si tu trouves quelque chose sur l’un d’entre nous, tu n’auras qu’à le faire condamner. »
On les fouilla, trouva la coupe dans le sac de l’un et, confisquant injustement les biens du père et du fils, on les traduisit tous les deux en justice. Le juge cependant, avec une certaine indulgence, ordonna de libérer l’un et de conduire l’autre au supplice.
Ô entrailles de miséricorde ! Le père, voulant libérer son fils, se rendit au supplice, tandis que le fils, au contraire, estimait injuste que son père perdît la vie pour son fils et que c’était au fils de subir la peine à la place de son père.
Ô vénérable joute de bonté ! Finalement le fils est pendu à sa propre demande pour que son père soit libéré. Quant au père, il poursuit son chemin jusqu’à Saint-Jacques dans les pleurs et l’affliction. Après avoir été sur le vénérable tombeau de l’apôtre, le père prit le chemin du retour et, alors que trente-six jours s’étaient écoulés, fit un détour pour voir le corps de son fils encore pendu. Pleurant, gémissant et se plaignant à fendre le cœur, il disait : « Malheureux que je suis de t’avoir engendré ! Comment puis-je continuer à vivre en te voyant pendu ! ». Comme tes œuvres sont magnifiques, Seigneur ! Le fils pendu console le père, lui disant : « Ne t’afflige pas, père très aimant, de mon châtiment, car ce n’en est pas un. Mais réjouis-toi plutôt, car ma vie est plus suave maintenant qu’elle ne l’a été dans toute mon existence passée. En effet, saint Jacques, me soutenant de ses mains, me réconforte avec plein de douceurs. » Entendant cela, le père se rendit en hâte à la ville et rassembla le peuple pour qu’il soit témoin d’un tel miracle de Dieu.

Venant et voyant que le pendu vivait encore après un tel laps de temps, les assistants comprirent que l’insatiable cupidité de l’aubergiste était à l’origine de cette accusation et que sa victime devait son salut à la miséricorde divine.
Cela a été fait totalement par le Seigneur et c’est admirable à nos yeux.
Ils descendirent alors le pendu de son gibet en grand honneur. Quant à l’aubergiste, comme il avait démérité, un jugement unanime le condamna à mort et il fut pendu sur-le-champ. C’est pourquoi quiconque porte le nom de chrétien doit veiller très attentivement à ne pas tromper ses clients ni ses proches, de cette manière ni en quelque façon. Qu’il s’attache au contraire à témoigner aux pèlerins une bienveillance charitable et obligeante, afin de mériter la récompense de la gloire éternelle que Dieu leur donnera.


MIRACLE VI

DU POITEVIN À QUI L’APÔTRE DONNA L’AIDE D’UN ANGE SOUS LA FORME D’UN ÂNE.

PAPE CALIXTE

Pampelune, détail du retable
Monastère Santiago des Dominicains (cliché D. Péricard-Méa)

L’an 1100 de l’incarnation de notre Seigneur, Guillaume étant comte de Poitiers et Louis roi de France, une peste mortelle affreuse s’abattit sur les Poitevins, à tel point que plus d’un père fut emporté avec toute sa famille.
C’est alors qu’un homme courageux, terrifié par cette calamité et désirant éviter ces enfants en bas âge, montés sur son mulet, jusqu’à la ville de Pampelune.
Là sa femme mourut, et l’hôtelier inique retint délictueusement tout ce que l’homme et sa femme avaient emporté de chez eux.
Ainsi privé de sa femme, dépouillé de tout son argent et du mulet qui portait ses enfants, l’homme atterré poursuivit sa route en les tenant par la main.
Dans cet extrême embarras et cette pénurie de moyen de transport, il rencontra un homme d’apparence honnête, accompagné d’un âne très robuste. Lui ayant fait raconter ce qui lui était arrivé, celui-ci lui dit, ému de compassion :
« À voir tes énormes difficultés, je te prête mon excellent âne que voici pour porter tes enfants jusqu’à la ville de Compostelle où j’habite, à condition que tu me l’y rendes. »
Le pèlerin prit l’âne, y mit ses enfants et arriva au tombeau de saint Jacques.
Tandis qu’enfin il passait la nuit à veiller dans un recoin de la vénérable basilique, le très glorieux apôtre, vêtu d’un habit resplendissant, lui apparut et lui dit simplement
« Eh bien, mon frère, me reconnais-tu ? Nullement, répondit l’autre. Je suis l’apôtre du Seigneur, celui qui t’a donné son âne à Pampelune quand tu étais dans la détresse. Maintenant je te le prête encore jusqu’à ce que tu reviennes chez toi. Et je t’informe que ton hôtelier criminel de Pampelune, parce qu’il a retenu injustement tes biens, va tomber lourdement du toit de sa maison et en mourra. Je t’apprends aussi que tous les mauvais aubergistes du chemin, qui retiennent indûment l’argent de leurs hôtes vivants ou morts, seront damnés pour l’éternité ».
Aussitôt le pèlerin voulut s’incliner pour baiser les pieds de son interlocuteur, mais le révérendissime apôtre disparut à ses yeux humains. Ensuite le pèlerin, réjoui de cette vision de l’apôtre et d’un tel réconfort, repartit de Compostelle aux premiers feux de l’aurore. Quand il arriva à Pampelune, il trouva, comme l’apôtre le lui avait dit, que son aubergiste était tombé du toit de sa maison, s’était rompu le cou et en était bien mort.
Quand il fut rentré dans son pays, il fit descendre ses enfants de l’âne et, devant la porte de sa maison, celui-ci disparut à ses yeux.

Entendant cela, la foule qui l’écoutait raconter fut saisie d’admiration plus qu’on ne saurait dire et déclarait :
« Ou c’était vraiment un ange, ou l’ange, que le Seigneur envoie souvent sur le chemin de ceux qui le craignent pour leur venir en aide, avait pris l’aspect d’un âne.
Cela a été fait par le Seigneur et c’est chose admirable à nos yeux.
Il est donc montré clairement dans ce miracle que tous les hôteliers malhonnêtes qui gardent les biens de leurs clients, morts ou vivants, sont condamnés à la mort éternelle, et qu’il faut donner aux églises et aux pauvres du Christ des aumônes pour le repos des défunts.
Notre Seigneur Jésus-Christ, cependant, daignera par les mérites de saint Jacques effacer toute fraude et toute condamnation à ceux qui croiront vraiment en lui.


MIRACLE VII

DU NOCHER FRISON PORTANT SON CASQUE ET SON BOUCLIER QUE L’APÔTRE TIRA DU FOND DE LA MER.

PAPE CALIXTE

BnF. Ms.fr. 183 fol.40v.
Légendier de Maître de Fauvel, enlumineur, XIVe siècle (entre MCCC et MCCCXXX)

En l’an 1101 de l’Incarnation de notre Seigneur, alors qu’un certain nautonier, Frison de naissance, pilotait un navire rempli de pèlerins et désirait se rendre à Jérusalem pour prier au Saint-Sépulcre, un certain Sarrazin du nom d’Avitus vint l’attaquer avec l’intention d’emmener tous ces pèlerins en captivité dans la terre des Moabites.
Comme les deux navires, celui des Sarrazins et celui des chrétiens se trouvaient bord à bord et que le combat faisait rage, le Frison tomba entre les deux, revêtu de sa cotte de maille, de son casque et tenant son bouclier. Puisant des forces dans la clémence de Dieu, il se mit à invoquer saint Jacques dans son cœur, disant ces mots :
« Grand et glorieux Jacques, et très pieux apôtre, plus qu’il n’est possible de le dire, dont je suis allé embrasser l’autel de ma bouche indigne, daigne me libérer avec tous ces chrétiens qui t’ont été confiés. »
Aussitôt, le bienheureux apôtre lui apparut au fond de la mer et, le prenant par la main, il le déposa sait et sauf sur le navire. Sans ambages, l’apôtre dit lors en présence de tous au Sarrazin :
« Si tu ne laisses pas partir ce navire de chrétiens, je te remettrai, toi et ton navire entre leur pouvoir. »
A qui cet Avinius répondit :
« J’aimerais savoir, valeureux héros, pourquoi tu t’efforces de nous enlever notre butin ? Es-tu le dieu de la mer, toi qui résistes en mer à nos gens ? »
L’Apôtre lui dit :
« Je ne suis pas le dieu de la mer, mais le serviteur du dieu de la mer, venant en aide à ceux qui sont en perdition et qui m’invoquent, tant en mer que sur terre, comme Dieu le veut. »
Aussitôt, par la force de Dieu et l’aide de saint Jacques, le navire des Sarrazins se trouva en perdition dans une forte tempête, et la poupe du navire chrétien, sous la conduite divine de saint Jacques, toucha à son but.
Quant au Frison, après avoir visité le sépulcre du Seigneur, il se rendit la même année en Galice sur le tombeau de saint Jacques.


MIRACLE VIII

DE L’ÉVÊQUE QUE SAINT JACQUES EN RÉPONSE PRÉSERVA DE LA NOYADE.

PAPE CALIXTE

Œuvre de Giovanni di Paolo
Berlin, Staatliche Museen, Gemäldegalerie, Kat. Nr 2171

En l’an 1102 de l’Incarnation, un évêque revenant de Jérusalem se trouvait sur le bord du navire, psalmodiant le Psautier.
Une lame l’emporta et le précipita avec quelques autres dans la mer.
Comme ils se trouvaient déjà à quelques soixante coudées du navire et appelaient saint Jacques à grand cris, l’apôtre leur apparut aussitôt.
Restant à côté d’eux au-dessus des vagues sans se mouiller les pieds, il dit à ceux qui étaient en péril et qui l’invoquaient :
« Ne craignez rien, mes fils. »
Aussitôt il commanda à la mer de remettre sur le navire ceux qu’elle lui avait enlevés traitreusement et appela de loin les marins, leur demandant d’immobiliser le navire. Ce qui fut fait.

Les marins retinrent le navire et la vague remit sains et saufs sur le navire tous ceux qu’elle avait emportés traitreusement.
Même le livre que lisait l’évêque se retrouva ouvert à la même page, à peine abimé.
Sur quoi l’Apôtre disparut.
Cela a été fait par le Seigneur et c’est admirable à nos yeux.
Par la suite, ce vénérable évêque du Seigneur, sauvé de la noyade par l’intervention de saint Jacques, se rendit au tombeau du très glorieux apôtre en Galice et composa un répons qu’il agrémenta dans le premier ton musical et dont le texte disait :
« Ô toi qui es à l’écoute des siècles, qui es l’ornement des apôtres, la lumière resplendissante des Galiciens, l’avocat des pèlerins, ô Jacques, vainqueur des vices, défais les chaînes de nos fautes et amène-nous au port du salut. » Et un verset disait :
« Toi qui viens en aide à ceux qui t’invoquent dans la détresse, tant en mer que sur terre, viens à notre secours, maintenant et à l’heure de notre mort. »
Et le refrain disait : « Et conduis-nous au port du salut. »


MIRACLE IX

DU CHEVALIER DE TABARIE À QUI L’APÔTRE DONNA LA FORCE DE VAINCRE LES TURCS, QU’IL GUÉRIT ET PRÉSERVA DE LA NOYADE.

PAPE CALIXTE

Lyon, BM, 0565 (0481)

En l’an 1103 de l’Incarnation, un très noble chevalier français de haut lignage se trouvait à Tabarie, près de Jérusalem et promit à saint Jacques de se rendre sur son tombeau s’il lui donnait la force de vaincre et défaire les Turcs au combat.
Par la faveur divine, l’Apôtre lui donna une telle force qu’il vainquit tous les Sarrazins qui combattirent avec lui. Mais puisqu’il est dit que tout homme est menteur, ce chevalier oublia la promesse qu’il avait faite à l’apôtre.
C’est pourquoi il fut atteint à juste titre d’une maladie mortelle qui l’empêchait de parler.
Saint Jacques apparut à son écuyer en extase, lui disant que si son maître menait à bien ce qu’il avait promis à l’Apôtre, il serait aussitôt guéri.

Ayant appris cela par le récit de son écuyer, le chevalier demanda aux prêtres de lui donner le bourdon et la besace bénie.
Après les avoir reçus, il fut délivré d sa maladie et se mit immédiatement en route vers Saint-Jacques, avec les provisions nécessaires.
Quand il fut sur le navire, une violente tempête se leva, à tel point que tous les occupants risquèrent d’être emportés par les flots. Alors les pèlerins, d’une seule voix, s’exclamèrent :
« Saint Jacques, aide-nous ! » ;
les uns promirent de se rendre sur son tombeau, d’autres firent le vœu de verser certaines sommes pour la construction de sa basilique.
Le chevalier collecta immédiatement cet argent. Aussitôt le saint apparut sous forme humaine à ces gens terrorisés en leur disant :
« Ne craignez pas, mes fils, car me voici moi que vous avez appelé. Soyez confiants dans le Christ et votre salut viendra ici et dans l’éternité. »
Aussitôt il amena les voiles, jeta l’ancre, stabilisa le navire et apaisa la tempête. Un grand calme se fit aussitôt et il disparut.
Il avait un visage si réservé et si distingué que personne d’entre eux n’en vit jamais de pareil.
Ensuite le navire arriva joyeusement avec ses pèlerins, après une traversée tranquille, au port en Apulie, et le chevalier apporta au tombeau de saint Jacques la somme qu’il avait collectée pour la construction de son église.


MIRACLE X

DU PÈLERIN TOMBÉ DANS LA MER QUE L’APÔTRE MENA À BON PORT EN LE TENANT PAR LES CHEVEUX PENDANT TROIS JOURS ET TROIS NUITS.

PAPE CALIXTE

Bnf. ms.fr.183 fol.41v
Légendier du Maître de Fauvel, enlumineur XIVe siècle

En l’an 1104 de l’Incarnation, comme un pèlerin revenant de Jérusalem étais assis sur le rebord du navire pour relâcher son ventre, il tomba dans l’eau.
Il se mit à implorer saint Jacques à grands cris et un de ses compagnons lui lança du bateau son bouclier, disant :
« Le très glorieux apôtre Jacques dont tu implores l’aide, te portera assistance. »
Il prit le bouclier, et, merveilleusement conduit par saint Jacques, il suivit en nageant les traces du navire et il arriva sain et sauf avec les autres au port qu’il désirait.
Il raconta ensuite à la foule comment, à l’heure où il avait invoqué saint Jacques, celui-ci avait marché devant lui et avait tenu de la main le sommet de sa tête.


MIRACLE XI

DE BERNARD QUE L’APÔTRE FIT SORTIR ADMIRABLEMENT DE LA PRISON

PAPE CALIXTE

Giusto del Menabuoi

En 1105 de l’Incarnation, un homme du nom de Bernard fut capturé près du château de Corano, en Italie, dans l’évêché de Modène.
Il fut mis aux fers et jeté par ses ennemis dans les oubliettes d’une tour.
Comme il passait le jour et la nuit à implorer l’aide de saint Jacques, le très glorieux Apôtre du Christ lui apparut, disant :
« Viens, et suis-moi jusqu’en Galice ! ».
Ayant brisé ses chaines, il disparut.
Sur quoi ce pèlerin, après avoir suspendu ses chaînes à son cou, monta jusqu’en haut de la tour sans aucune aide humaine, soutenu par saint Jacques.
Que dire de plus ?

Du sommet de la tour, il sauta sur le sol sans se faire aucune blessure.
La tour avait une hauteur de soixante coudées. Et plus admirable encore fut qu’en tombant d’une telle hauteur, il échappa à la mort et se retrouva saint et sauf.


MIRACLE XII

DU CHEVALIER QUE L’APÔTRE GUÉRIT PAR IMPOSITION DE SA CROUSILLE

PAPE CALIXTE

Légendaire d’Anjou
(Morgan Pierpont Library M.360.15)
Bologne (ou Hongrie)
MCCCXX-MCCCIVII

En l’an du Seigneur 1106 un certain chevalier d’Apulie eut la gorge enflée comme une outre pleine de vent.
Comme il ne trouvait de remède chez aucun médecin, il dit, se fiant à saint Jacques :
« Si seulement je pouvais trouver une crousille comme celle que portent d’habitude les pèlerins à leur retour et toucher de celle-ci ma propre gorge, je serais aussitôt guéri ».
En ayant trouvé une auprès d’un voisin qui avait fait le pèlerinage, il la mit sur sa gorge et fut guéri.
Il partit alors pour le tombeau de saint Jacques en Galice.


MIRACLE XIII

DU CHEVALIER DALMACE À QUI L’APÔTRE RENDIT JUSTICE AU NOM DE SON PÈLERIN RAIMBERT.

Dessin modifié par Gérald Béhuret

L’an 1135 de l’Incarnation du Seigneur, un certain chevalier Dalmace de Chavannes, ayant eu une altercation avec son fermier, du nom de Raimbert, ancien pèlerin de Saint-Jacques, lui asséna un coup de poing dans l’oeil. Tandis que le chevalier le frappait, Rambert disait :
« Dieu et saint Jacques, aidez-moi ! ».
Et à l’instant même, par l’effet de la vengeance divine, le chevalier tomba à terre, le bras démis et même cassé, comme s’il avait rendu l’âme.
Se voyant terrassé, il demanda à un prêtre l’absolution.
« Raimbert, dit-il, pèlerin de saint Jacques, prie l’apôtre, en qui tu as foi, pour mon salut. »
Et saint Jacques, sur la prière de Raimbert, lui rendit la santé par l’effet de la clémence divine.


MIRACLE XIV

DU MARCHAND QUE L’APÔTRE LIBÉRA DE SA PRISON

PAPE CALIXTE

Calixte, Pape
f. 148v Source IRJ

L’an 1107 de l’Incarnation du Seigneur, un marchand, voulant se rendre aux foires avec ses marchandises, se présenta au seigneur des terres, qui se trouvait par hasard dans le même village que lui.
Il lui demanda instamment un sauf-conduit pour aller à ces foires et revenir chez lui.
Le seigneur fit bon accueil à sa demande, le lui accorda et lui donna sa promesse.
Ajoutant foi à la parole d’un homme de ce rang, le marchand se rendit à l’endroit de ces foires avec ses marchandises.
Après quoi, sous l’empire d’une inspiration diabolique, celui qui avait donné sa parole de protéger s’empara de ses marchandises et le mit en prison, sous bonne garde.
Le marchand, se souvenant des innombrables miracles de saint Jacques, que bien des gens lui avaient racontés, appela l’apôtre à son aide disant :
« Saint Jacques, libère-moi de cette prison, et je te promets de consacrer ma personne et mes biens ».
Saint Jacques exauça ses gémissements et, un jour, quand les sentinelles montaient la garde, il lui apparut dans son cachot, lui ordonna de se lever et l’accompagna jusqu’au sommet de la tour. Celle-ci s’inclina à tel point que son sommet rejoignit le sol et que le marchand, délivré de ses chaînes, n’eut même pas à sauter pour en descendre sans se faire du mal. Les gardes se mirent à sa poursuite mais, à peine l’avaient-ils rejoint, qu’ils perdirent la vue et revinrent sur leurs pas.
Il apporta les chaînes qui l’avaient attaché à la basilique du saint apôtre en Galice, et elles pendent aujourd’hui encore en témoignage d’un si grand fait devant l’autel du très glorieux Jacques.


MIRACLE XV

DU CHEVALIER QUE SAINT JACQUES DÉLIVRA PENDANT UNE BATAILLE ALORS QUE SES COMPAGNONS FURENT TUÉS OU FAITS PRISONNIERS

Dessin d’Andrée Dargent

En l’an 1110 de l’incarnation de notre Seigneur, il y avait en Italie deux villes entre lesquelles régnait la discorde ; leurs chevaliers décidèrent de s’affronter au combat.
L’une des parties fut vaincues par l’autre et, faisant volte-face, prit la fuite en désordre.
Il y avait dans celle-ci un chevalier habitué à se rendre à Saint-Jacques qui, tout en fuyant, vit que déjà une partie de ses amis, qui fuyaient dans une autre direction, avaient été faits captifs, tandis que les autres étaient tués.
Ne comptant plus avoir la vie sauve, il s’adressa à saint Jacques pour lui demander de l’aide, mais en pleurant et en gémissant, car il n’avait plus de voix. Lorsque celle-ci fut revenue, il dit :
« Saint Jacques, si tu daignes me libérer de ce danger imminent, je m’empresserai d’aller sur ton tombeau me présenter à toi avec mon cheval, car je n’ai rien de plus cher, ni de plus précieux. »
Après qu’il eut fait cette prière et cette promesse, saint Jacques, qui ne se refuse pas à ceux qui l’invoquent avec droiture, mais au contraire les assiste sur-le-champ, s’interposa entre le fugitif et ses ennemis qui, après avoir tués ou faits captifs tous ses compagnons, brûlaient de s’emparer de lui.
Pendant six lieurs il le protégea de son bouclier contre ses poursuivants et lui permet d’échapper. De crainte que se miracle ne soit attribué à la qualité de son cheval plutôt qu’à la gloire de saint Jacques – comme les envieux des hommes justes et les adversaires de l’Église ont coutume de le faire – et pour récuser toute interrogation des jaloux, on précisera que son cheval ne valait pas la moitié de vingt sous.
Lui, de son côté, pour ne pas être en reste, se rendit sur le tombeau de saint Jacques et, pour accomplir pleinement ce qu’il avait promis, se présenta, en dépit des objections des gardiens, avec son cheval devant les grilles de l’autel.
Heureux de ce miracle, les clercs et les laïcs qui allaient selon leur habitude à l’église rendirent grâce à Dieu en chantant des hymnes et des psaumes.


MIRACLE XVI

DU CHEVALIER AGONISANT QUE LE SAINT APÔTRE DÉLIVRA DES TOURMENTS DÉMONIAQUES GRÂCE AU BOURDON D’UN MENDIANT ET À LA BESACE D’UNE FEMME

ST ANSELME , EVEQUE DE CANTORBURY

f. 149r-150v Vat.lat.8541, c.37r source IRJ

Trois chevaliers de la paroisse de Donzy, dans le diocèse de Lyon, convinrent d’aller prier sur le tombeau de saint Jacques en Galice et se mirent en route. Quand ils eurent rejoint le chemin de pèlerinage, ils trouvèrent une pauvre femme qui portait tout son nécessaire dans une besace. Voyant ces chevaliers, elle leur demanda de prendre sur leurs chevaux son misérable baluchon, ce qui la soulagerait d’autant des fatigues du voyage. L’un d’entre eux accéda à sa demande et prit avec lui sa besace.
Le soir, la femme, qui les suivait, tirait de sa besace ce dont elle avait besoin et, au premier chant du coq, lorsque les pèlerins à pied ont coutume de se mettre en route, elle remettait au cavalier sa besace ; ainsi soulagée, elle marchait plus allégrement. De cette manière, le chevalier qui servait cette pauvre femme pour l’amour de l’apôtre se hâtait vers le bus de son pèlerinage.

À douze jours de marche de Saint-Jacques, il trouva en route un pauvre infirme qui lui demanda de s’assoir sur son cheval pour lui permettre d’arriver à Saint-Jacques. Sinon, il mourrait en cours de route, cat il ne pouvait continuer de marcher.
Le chevalier y consentit, descendit de son cheval et y assit le mendiant, prenant son bâton dans la main et portant autour du cou la besace de la pauvre femme.
Mais, tandis qu’il marchait ainsi, les ardeurs du soleil et les fatigues de la route altérèrent sa santé. Se sentant atteint, et considérant qu’il avait souvent en bien des choses offensé Dieu, il supporta ses malaises avec constance pour l’amour de l’apôtre allant à pied jusqu’à son tombeau.
Là, après lui avoir fait ses prières, il se logea.
Le mal, qu’il avait contracté en cours de route, l’obligea à s’aliter et, s’aggravant en quelques jours, lui interdit de se relever.
Voyant cela les autres chevaliers qui avaient été ses compagnons l’invitèrent à confesser ses péchés et à prendre ses dispositions pour quitter ce monde en chrétien.
Entendant cela, il détourna son visage et ne put leur répondre. Il demeura trois jours sans prononcer une parole.
Ses compagnons furent très affligés, tant parce qu’ils n’avaient plus d’espoir de le voir guérir que parce qu’il n’était plus en état de pourvoir au salut de son âme.
Un jour, alors qu’assis autour de lui et attendant l’issue fatale, ils le croyaient en train de rendre l’âme, il poussa un grand soupir et dit :
« rendez grâces à Dieu et à saint Jacques, mon Seigneur, car j’ai été délivré. »
Comme les assistants demandaient ce que cela signifiait et pourquoi il s’était tu, il leur répondit :
« Du moment où je me suis senti malade, j’ai commencé à penser en silence que je voudrais confesser mes fautes, recevoir l’extrême-onction et la communion. Mais tandis que je réfléchissais à cela en silence, une multitude d’esprits fourbes m’assaillit qui m’empêcha, à partir de ce moment, d’indiquer par un mot ou par un geste ce que réclamait mon salut. Je comprenais bien tout ce que vous disiez, mais je ne pouvais nullement y répondre, parce que certains démons qui m’avaient envahi, me liaient la langue, d’autres me fermaient les yeux, d’autres encore tournaient ma tête d’un côté et d’un autre, contre ma volonté.
« Mais peu avant que je ne commence à vous parler, saint Jacques est entré tenant de la main gauche la besace de la femme que j’ai portée en cours de route, et de la main droite le bourdon du mendiant que j’ai porté, tandis que lui-même était assis sur mon cheval, le jour même où cette maladie m’a pris. Il tenait le bourdon comme une lance et la besace comme un bouclier. Et aussitôt il est venu vers moi comme poussé par l’indignation et la fureur et levant le bourdon il fit mine de frapper de frapper les démons qui m’enchaînaient. Ceux-ci s’enfuirent à l’instant terrorisés. Lui-même les poursuivant par un ange les contraignit à partir d’ici. Délivré par la grâce de Dieu et de saint Jacques de mes tortionnaires, me voici donc à nouveau capable de parler. Envoyez rapidement chercher un prêtre qui me donne le viatique de la sainte communion, car il ne m’est pas permis de rester plus longtemps en cette vie. »
Tandis que le prêtre tardait à venir, il admonesta publiquement l’un de ses compagnons, lui disant :
« Ami, ne sers plus dorénavant ton maître Guérin le Chauve, à qui tu étais attaché jusqu’ici. En vérité il est damné et il mourra prochainement de malemort. »
Et il en arriva comme il avait prédit.
Après que le pèlerin eut connu une bonne mort et eut été mis en terre, ses compagnons rentrèrent chez eux et racontèrent tout ce qui s’était passé. Le Guérin ci-dessus, surnommé le Chauve, homme riche, prit leur histoire pour un rêve et ne se corrigea nullement de sa dépravation. D’où il advint peu de temps après qu’en tuant de ses armes un chevalier, il fut lui-même transpercé par la lance de son adversaire.


MIRACLE XVII

DU PÈLERIN QUI, PAR AMOUR POUR L’APÔTRE ET TROMPÉ PAR LE DIABLE, SE DONNA LA MORT. COMMENT SAINT JACQUES, AVEC L’AIDE DE LA BIENHEUREUSE MÈRE DE DIEU, LE RESSUSCITA

ST ANSELME , EVEQUE DE CANTORBURY

Saint-Anselme, archevêque de Cantorbéry. f. 150v-152v
Vat.lat. 854,c.37r source IRJ

Il y a, près de la ville de Lyon, un village où demeurait un jeune homme du nom de Gérard, pelletier de son état, vivant de l’honnête travail de ses mains et qui, orphelin de père, subvenait aux besoins de sa mère.
Il aimait fort saint Jacques, se rendait chaque année sur son tombeau et lui offrait son obole. Il n’était pas marié mais vivait chastement avec sa vieille mère. Une fois cependant, après s’être longtemps contenu, il s’abandonna aux désirs de la chair et forniqua avec une jeune fille.
Le lendemain matin, ayant prévu de partir en pèlerinage, il se mit en route pour Saint-Jacques de Galice, en emmenant un âne et en compagnie de deux voisins.
Une fois en chemin, ils rencontrèrent un mendiant en route pour Compostelle. Pour lui tenir compagnie et plus encore pour l’amour de saint Jacques, ils le prirent avec eux, lui donnant ce dont il avait besoin pour vivre.
Ils marchèrent donc plusieurs jours dans la joie.
Mais le démon, jaloux de cette compagnie pacifique et charitable, prit une forme humaine assez convenable, s’approcha en secret du jeune homme qui avait forniqué et lui dit :
« Sais-tu qui je suis ? »
L’autre répondit : « Nullement. »
Le démon reprit : « Je suis l’apôtre saint Jacques, que tu as pris l’habitude de visiter chaque année depuis bien longtemps et d’honorer de tes offrandes. Sache que j’étais fort heureux à ton sujet, car j’espérais recevoir de toi quelque grand bien dans l’avenir. Mais voici qu’avant ton départ de chez toi tu as forniqué avec une femme et que tu n’as toujours pas fait pénitence : tu n’as pas voulu te confesser et tu es parti ainsi en pèlerinage, comme si celui-ci pouvait être agréable à Dieu comme à moi. Mais ce n’est pas le cas, car quiconque veut partir en pèlerinage pour l’amour de moi doit d’abord confesser humblement ses péchés et ensuite faire en chemin pénitence pour eux. Quand on agit autrement, le pèlerinage n’est pas agréable à Dieu. »
Sur ce, il disparut à ses yeux.
Après ce discours, l’homme s’attrista, se proposant en son cœur de revenir sur ses pas, de retourner chez lui et de se confesser à son curé. Tandis qu’il délibérait ainsi en lui-même, le démon réapparut, sous la même forme que la première fois, et lui dit :
« Qu’est-ce qui te pousse dans ton cœur à vouloir revenir chez toi ? T’imagines-tu qu’un tel crime puisse être racheté par des jeûnes ou des larmes ? Tu te trompes fort, mais suis mes conseils et tu seras sauvé, sinon point de salut. Bien que tu aies péché, je ne t’en aime pas moins ; c’est pourquoi je suis venu vers toi pour te donner un conseil qui t’apportera le salut si tu m’en crois. »
Le pèlerin lui répondit :
« Je pensais comme tu l’as dit, mais puisque tu me dis que cela ne servira pas à mon salut, dis-moi ce qui te plaira et me vaudra le salut et je le ferai volontiers. » Celui-ci lui dit :
« Si tu veux être pleinement libéré de ton délit, tu n’as qu’à amputer au plus vite le membre viril par lequel tu as péché. »
Alors celui-ci terrifié lui dit :
« Si je fais ce que tu me conseilles, je ne pourrai vivre, c’est un suicide et j’ai souvent entendu dire que c’était condamnable aux yeux de Dieu. »
Alors le démon se mit à rire et dit :
« Ignorant, combien peu tu comprends les choses utiles à ton salut. Si tu meurs dans ces circonstances, tu viendras sans aucun doute à moi, car, en punissant ton crime, tu seras un martyr. Oh si tu étais assez sage pour ne pas hésiter à te tuer toi-même ! Tu peux être certain que moi et une foule de mes compagnons nous viendrions aussitôt vers toi et que nous emporterions ton âme avec joie dans notre maison. Je suis, dit-il, l’apôtre Jacques, qui veille sur toi. Fais comme je te l’ai dit, si tu veux venir en ma compagnie et trouver le remède à ta faute. »
Cela dit, le pèlerin, en homme simple, ainsi poussé au crime, profitant de la nuit où ses compagnons dormaient, sortit un couteau et trancha ses parties viriles. Ensuite, retournant la main et redressant le couteau, il s’en enfonça la pointe dans le ventre.

Comme le sang se mit à couler abondamment et qu’il était agité de spasmes, ses compagnons s’éveillèrent et l’appelèrent voulant savoir ce qu’il avait. Au lieu de leur donner réponse, il rendit dans l’angoisse le dernier soupir.
Consternés, ils se levèrent en grande hâte, cherchèrent des bougies et trouvèrent leur compagnon à moitié mort, incapable de leur répondre. Ils en furent stupéfaits et frappés en même temps de peur à l’idée qu’on les accuserait de sa mort, si on les trouvait là au matin. Ils prirent donc la fuite, le laissèrent gisant dans son sang et abandonnèrent l’âne et le mendiant qui les accompagnaient.
Au matin, dans la maison, la famille se leva et trouva l’homme occis. Ne sachant à qui imputer ce meurtre, elle appela les voisins et ensemble ils portèrent l’homme à l’église pour l’enterrer. À cause du sang qui coulait, ils le déposèrent devant les portes pendant qu’on préparait sa tombe. Peu de temps après, le mort revint à la vie et s’assit sur l’estrade funèbre. À cette vue, les assistants terrifiés s’enfuirent à grands cris.
Ce tumulte attira la foule qui s’enquit de l’évènement et apprit qu’un mort avait été rendu à la vie. Quand on se fut approché de lui et qu’on lui eut adressé la parole, il se mit à raconter d’une voix claire tout ce qui s’était passé.
« Moi, que vous voyez ressuscité de la mort, j’ai aimé saint Jacques depuis mon enfance et j’ai eu l’habitude de le servir autant que j’ai pu. Pourtant, une fois parti en pèlerinage jusqu’à lui et arrivé dans ce village, le démon m’a abusé, disant qu’il était saint Jacques et m’instruisant clairement de tout », comme il a été dit plus haut. Il ajouta :
« Quand il eut vu que je m’étais ôté la vie et que mon âme était contrainte de quitter mon corps, ce même esprit malin qui m’avait trompé vint à moi, accompagné d’une grande foule de démons. Sur-le-champ et sans pitié, ils s’emparèrent de moi et m’emmenèrent au supplice, pleurant et gémissant.
Nous allâmes donc vers Rome. Mais comme nous arrivions à la forêt située entre cette ville et Labicano, saint Jacques, qui était à notre poursuite, fondit sur nous par-derrière et, se saisissant des démons, leur dit :
“D’où venez-vous et où allez-vous ?” Ils répondirent : “Ô Jacques, cela ne te regarde nullement, car il nous a fait confiance au point de se tuer. Nous l’avons persuadé, nous l’avons trompé, nous devons l’avoir.” L’apôtre leur rétorqua :
“Vous ne répondez rien à la question que je vous pose, mais vous vous réjouissez et vous vantez d’avoir trompé un chrétien. Cependant vous n’en tirerez aucun avantage. Il est à moi ce pèlerin que vous vous flattez d’avoir. Et vous ne l’emporterez pas impunément.”
Saint Jacques m’apparut sous l’aspect d’un beau jeune homme svelte au teint hâlé, comme on dit.
« Sous la contrainte de l’apôtre, nous allâmes à Rome, où il y avait, près de la basilique de saint Pierre, un lieu verdoyant et spacieux, sorte de plateau dans les airs, où la foule innombrable des saints tenait conseil. À sa tête était la vénérable mère de Dieu, Marie toujours Vierge, entourée à sa droite et à sa gauche de nombreux et illustres personnages. Je me mis à la considérer avec beaucoup d’émotion, je n’avais encore jamais de ma vie vu jusqu’alors de créature aussi belle. Sa taille n’était pas grande mais moyenne, son visage était superbe et toute sa personne me ravissait. Arrivé devant elle, le saint apôtre, mon avocat très dévoué, s’arrêta en face de tous et rapporta comment la tromperie satanique m’avait vaincu. Se tournant vers les démons, Marie leur dit alors :
“Misérables, que cherchez-vous auprès de ce pèlerin du Seigneur et de mon Fils, et de son fidèle Jacques ? Votre châtiment ne vous suffit-il pas que vous cherchiez à l’augmenter par votre malice.”
« Après avoir ainsi parlé, la Très Sainte Vierge dirigea avec bienveillance son regard vers moi. Les démons, fort effrayés, furent chargés de chaînes, tandis que tous les assistants leur disaient qu’ils avaient agi injustement envers l’apôtre en me trompant. Notre-Dame ordonna alors que je sois ramené à mon corps. Saint Jacques me soutint donc et me déposa aussitôt en ce lieu. Ainsi suis-je mort et ressuscité. »
Les habitants de l’endroit, entendant cela, se réjouirent fort et le ramenèrent chez eux sans plus tarder, répandant la nouvelle et montrant celui pour qui Dieu par saint Jacques avait accompli une chose aussi extraordinaire et admirable. Ses blessures furent guéries sans retard, des cicatrices seules restant à l’endroit des blessures. À l’endroit des parties génitales, de la chair poussa, semblable à une verrue, par laquelle il urinait.

Une fois passés les trois jours pendant lesquels les habitants du lieu l’avaient gardé parmi eux pour fêter l’évènement, il prépara son âne et se mit en route, avec le compagnon pauvre qui s’était joint à lui chemin faisant. Mais comme ils approchaient du tombeau de saint Jacques, ils rencontrèrent ces compagnons qui les avaient abandonnés et étaient sur le chemin du retour. Voyant de loin ces deux hommes qui menaient leur âne, ils se dirent les uns aux autres :
Ces deux hommes ressemblent aux compagnons que nous avons abandonnés, l’un mort, l’autre vivant. Même l’animal qu’ils poussent ne diffère pas, autant qu’on puisse en juger, de celui que nous leur avons laissé. »
S’étant approchés et mutuellement reconnus, ils apprirent ce qui s’était passé et, rentrés chez eux, ils proclamèrent la vérité de la chose.

Quant à celui qui était ressuscité, une fois revenu de Saint-Jacques, il confirma les dires de ses compagnons par la preuve à conviction.
Il ne se contenta pas de raconter partout comment la chose s’était passée. Il montra ses cicatrices et fit même voir à beaucoup de gens qui le désiraient ce qu’il était advenu de ses parties intimes.
Le révérendissime Hugues, abbé de Cluny, vit comme beaucoup d’autres cet homme, les traces de ses actes et les marques de sa mort ; il était si admiratif de ce qui vient d’être raconté qu’il affirma être accoutumé à le voir souvent. Quant à nous, par amour pour l’apôtre et pour que le souvenir ne s’en efface pas, nous l’avons mis par écrit, ordonnant à tout le monde de célébrer, le troisième jour d’octobre, par de dignes services dans les églises, la fête d’un si grand miracle et de tous les autres miracles.


MIRACLE XVIII

DU COMTE DE ST-GILLES, À QUI L’APÔTRE OUVRIT LES PORTES EN FER DE SA CHAPELLE

Miroir historial de Vincent de Beauvais
Ms 722 fol 215 –

Un comte de Saint-Gilles, nommé Ponce, vint naguère à Saint-Jacques avec son frère pour y prier.
Quand ils furent entrés dans l’église, ils ne purent entrer à leur gré dans la chapelle où gît le corps de l’apôtre et demandèrent au sacristain de leur ouvrir l’oratoire afin qu’ils puissent y veiller devant le corps de l’apôtre.
Voyant que leurs prières restaient sans effet (la coutume voulait en effet que les portes de cet oratoire demeurent closes du coucher du soleil jusqu’au lendemain matin), ils rentrèrent tristement dans leur auberge.
Une fois arrivés, ils rassemblèrent tous les pèlerins venus avec eux.
En leur présence, le comte déclara qu’il voulait aller auprès de saint Jacques, autorisant ceux qui étaient du même avis à l’accompagner, si jamais l’apôtre daignait leur ouvrir la porte.

Ceux-ci acquiescèrent volontiers et préparèrent des cierges, pour les tenir à la main dans cet oratoire.
Le soir venu, ils se trouvèrent environ deux cents à entrer dans l’église avec des cierges allumés.
Arrivant devant la chapelle de saint Jacques, ils prièrent d’un voix forte :
« Très saint Jacques, dirent-ils, apôtre de Dieu, s’il t’est agréable que nous venions à toi, ouvre-nous ta chapelle, afin que nous puissions veiller devant toi. »
Chose admirable ! À peine avaient-ils fini de parler que les portes de la chapelle firent un grand vacarme : tous les assistants s’imaginèrent qu’elles avaient été cassées en mille morceaux. Toutefois ils virent que seules les serrures et les chaînes qui servaient à verrouiller avaient été cassées et détachées.

Les portes ouvertes par un pouvoir invisible, sans la main de l’homme, cédèrent le passage aux pèlerins.
Tout joyeux ceux-ci entrèrent, d’autant plus ravis de ce miracle qu’ils avaient fait la preuve que le saint apôtre, soldat de l’invincible empereur, était bien vivant, lui qui avait satisfait leur demande avec une telle célérité.
Cette histoire montre combien celui qui répondit avec une telle bienveillance à la demande de ses fidèles est accessible à une pieuse invocation.
Que donc ta clémence, très bienveillant Jacques, apôtre de Dieu, nous vienne en aide, pour que nous soyons préservés en cette vie des pièges du démon et qu’ainsi nous restions attachés à la patrie céleste par nos bons efforts, afin que, grâce au Christ notre Seigneur et avec ton aide, nous soyons dignes d’y parvenir.


MIRACLE XIX

DE L’ÉVÊQUE GREC STÉPHANE À QUI SAINT JACQUES APPARUT ET RÉVÉLA UNE INFORMATION ENCORE IGNORÉE

PAPE CALIXTE

Saint Stéphane – Câlârasi – Bucuresti

Il est connu de tous les habitants de Compostelle, tant clercs que laïcs, qu’un homme du nom de Stéphane, doué de forces surnaturelles, s’était démis, pour l’amour de saint Jacques, de sa charge épiscopale et pontificale d’évêque : il désirait venir de Grèce sur le tombeau de l’apôtre.
Il avait renoncé aux honneurs de ce monde pour suivre les préceptes divins.
Ne voulant plus rentrer chez lui, il s’adressa aux vigiles de l’édifice où repose le talent le plus précieux et la gloire de l’Espagne, à savoir le corps de saint Jacques, et se jetant à leurs pieds leur demanda par l’amour du très précieux apôtre, pour qui il avait abandonné les délices de ce siècle et les joies de ce monde, de lui concéder à l’intérieur de l’église un lieu retiré où il pourrait assidûment s’adonner à la prière.

Bien qu’il portât un habit misérable, au point de ressembler non à un évêque mais à un pèlerin démuni, les vigiles, sans le mépriser mais consentant à sa juste demande, lui préparèrent en guise de cellule une sorte de hutte au toit de jonc construite à l’intérieur de la basilique du saint apôtre, d’où il pouvait voir l’autel en face.
Il y mena une vie solitaire et bienheureuse, consacrée jour et nuit aux jeûnes, aux veilles et aux prières.
Un jour qu’il vaquait à ses oraisons habituelles, une foule de paysans qui venaient pour la fête particulière de saint Jacques et s’étaient placés en face de l’autel, juste à côté de la cellule du très saint homme, se mirent à prier l’apôtre de Dieu en ces termes :
« Saint Jacques, bon chevalier, délivre-nous des malheurs présents et futurs. »

Le très saint homme de Dieu, supportant fort mal que des paysans traitent saint Jacques de chevalier, les invectiva, disant
« Paysans stupides, foule insensée, il ne convient pas que vous appeliez saint Jacques chevalier, mais pêcheur. Rappelez-vous qu’à l’appel du Seigneur il quitta son métier de pêcheur pour le suivre et qu’il devint ensuite pêcheur d’hommes. »
La nuit suivante, alors que le très saint homme méditait sur saint Jacques, celui-ci lui apparut tout vêtu de blanc et revêtu d’une armure qui brillait plus que les rayons du soleil, comme un chevalier parfait, et tenant à la main deux clés. L’apôtre l’appela trois fois et lui dit :
« Stéphane, serviteur de Dieu, puisque tu as donné l’ordre de m’appeler pêcheur au lieu de chevalier, je t’apparais maintenant sous cette forme afin que tu ne doutes pas davantage que je combats au service de Dieu et que je suis son champion, que je marche en tête des armées chrétiennes contre les Sarrasins et que je leur assure la victoire.
« J’ai demandé en effet au Seigneur d’être le protecteur de tous ceux qui m’aiment et m’invoquent avec un cœur droit et de les secourir dans tous les dangers. Et pour que tu le croies plus assurément, j’ouvrirai demain, à la troisième heure, avec ces clés, les portes de la ville de Coimbra que le roi Fernand assiège depuis sept ans : les chrétiens y entreront et la ville tombera en leur pouvoir. » Cela dit, il disparut.
Le lendemain matin, après avoir prié matines, appelant les plus sages des clercs et des laïcs, Stéphane leur raconta par le menu ce qu’il avait vu de ses yeux et entendu de ses oreilles.

Plus tard, la chose fut avérée par de nombreux témoignages : en effet, lorsque la ville eut été prise, le jour et l’heure annoncés par saint Jacques furent confirmés par des messagers royaux.
Une fois la vérité connue, Stéphane, le serviteur de Dieu, assura que saint Jacques vient en aide à tous ceux qui l’invoquent en matière militaire et qu’en vérité il devait être invoqué par tous ceux qui allaient au combat.
Lui-même, pour mériter d’avoir sa protection, accrut ses pénitences et, s’appliquant davantage à ses prières, consuma là tout le temps de sa vie au service de Dieu.
Finalement il eut une sépulture dans la basilique de l’apôtre saint Jacques.


MIRACLE XX

DU CHEVALIER GUILLAUME, CAPTIF, QU’UN COMTE FRAPPA DE SON ÉPÉE SUR LE COU NU SANS POUVOIR LE BLESSER.

PAPE CALIXTE

« La Légende des Saints »
de JACQUES DE VORAGINE

Beaucoup de temps s’était écoulé jusqu’à nos jours, tandis que le très saint Jacques brillait dans la terre entière, en long comme en large, par le nombre de ses miracles, quand un conflit éclata entre le comte de Forcalquier et l’un de ses chevaliers, appelé Guillaume. Au cours d’une attaque à cheval contre le comte, Guillaume manqua d’hommes dans sa troupe pour soutenir un combat. Il prit la fuite mais fut rattrapé et conduit devant le comte. Celui-ci ayant ordonné qu’on lui tranche la tête, le chevalier s’exclama d’une voix forte : « Jacques, apôtre de Dieu, qu’Hérode ordonna à Jérusalem de décapiter, viens à mon secours et délivre-moi de l’épée du bourreau ! » Il fut frappé trois fois sur le cou, tandis qu’il tendait ses mains vers le ciel, et aucune blessure n’y apparut.
Voyant qu’il ne pouvait l’atteindre du tranchant de sa lame, le bourreau en dirigea la pointe contre le ventre du condamné, pour le perforer.
Mais saint Jacques émoussa l’épée de telle sorte que Guillaume n’en sentit pas le coup. Le comte, qui comme tous les assistants s’en étonnait, ordonna alors de ligoter le chevalier et de l’amener dans son camp.
Le lendemain matin, tandis que Guillaume invoquait saint Jacques en gémissant, l’apôtre lui apparut et lui dit : « Me voici, puisque tu m’as appelé. »
Alors la pièce s’emplit d’une telle odeur et d’une lumière si douce que tous les chevaliers et les assistants s’imaginèrent transportés dans les délices du paradis. Dans cette lumière, saint Jacques passa devant lui, lui prit la main et l’emmena jusqu’à la dernière porte du camp, sous les yeux de gardes comme frappés de cécité.
Une fois les portes ouvertes, tous deux firent ensemble un mille au-delà des murs. Par amour pour saint Jacques, ce chevalier se rendit à son tombeau et à son église le jour où l’on fête sa translation, et raconta toutes ces choses comme nous venons de les dire.


MIRACLE XXI

DU CONTREFAIT À QUI LE SAINT APÔTRE APPARUT DANS SA BASILIQUE ET RENDIT PLEINEMENT LA SANTÉ.

PAPE CALIXTE

Mosaïque de la basilique de Ravenne
Guérison du paralytique de Capharnaüm VIe siècle.

De nos jours, un certain noble bourguignon nommé Guibert, qui avait souffert pendant quatorze ans d’une paralysie de ses membres telle qu’il ne pouvait faire un pas, fut placé sur une litière portée par deux chevaux et se mit en route vers Saint-Jacques, avec sa femme et ses serviteurs.
Comme il s’apprêtait à descendre dans l’hôpital de Saint-Jacques, près de l’église, un songe l’invita à demeurer en prière dans l’édifice jusqu’à ce que saint Jacques délie ses membres atrophiés.
Il veilla deux nuits dans la basilique de l’apôtre, et, la troisième nuit, comme il était en prière, saint Jacques vint, le prit par la main et le mit debout.
Comme Guibert lui demandait qui il était, celui-ci répondit :

« Je suis Jacques, l’apôtre de Dieu. »
Alors l’homme ainsi rendu à la santé demeura 13 jours à veiller dans la basilique et raconta cela à tout le monde de sa propre bouche.


MIRACLE XXII

DE L’HABITANT DE BARCELONE VENDU DANS LES FOIRES QUE LE BIENHEUREUX APÔTRE DÉLIVRA DE SES CHAÎNES ET DE SES LIENS.

PAPE CALIXTE

Légendaire d’Anjou Morgan Pierpont Library M 360.15
Bologne ou Hongrie, MCCCXX-MCCCXLII

On raconte que, en l’an 1100 de l’Incarnation, un habitant de Barcelone se rendit en pèlerinage à la basilique de saint Jacques en Galice.
Il demanda seulement à l’apôtre de le délivrer de ses ennemis, s’il venait à tomber entre leurs mains. Une fois rentré chez lui, il fit un voyage d’affaires en Sicile et fut pris en mer par les Sarrasins.
Que dire encore ?
Il fut vendu et acheté treize fois dans les marchés et dans les foires. Ceux qui l’achetaient ne pouvaient le garder, parce que le bienheureux apôtre Jacques brisait ses chaînes et ses liens.
Il fut d’abord vendu en Croatie, la deuxième fois près de la ville de Jazaran en Slovénie, la troisième fois en Bulgarie, la quatrième fois en Turquie, la cinquième fois en Perse, la sixième fois en Inde, la septième fois en Éthiopie, la huitième fois à Alexandrie, la neuvième fois en Afrique, la dixième fois en Berbérie, la onzième fois dans le désert, la douzième fois à Bougie et la treizième fois à Almeria.
Là, il fut attaché solidement par un Sarrasin avec des chaînes doubles autour des jambes. Comme il implorait saint Jacques d’une voix forte, l’apôtre lui apparut, disant :
« Puisque, lorsque tu étais dans ma basilique, tu as demandé seulement la libération de ton corps et non le salut de ton âme, tu es tombé dans ces périls. Mais puisque le Seigneur a eu pitié de toi, il m’a envoyé pour te délivrer de cette prison. »
Aussitôt ses chaînes se brisèrent en leur milieu et le bienheureux apôtre disparut à ses yeux. Ainsi délivré de ses fers, l’homme traversa les villes et les places fortes des Sarrasins, portant dans ses mains une partie de ses chaînes en témoignage d’un si grand miracle, et sans se cacher revint en terres chrétiennes sous les yeux des Sarrasins.
Chaque fois que quelque païen voulait lui barrer le chemin et faisait mine de porter la main sur lui, il lui montrait son morceau de chaîne et celui-ci prenait la fuite aussitôt. De nombreuses troupes de lions, d’ours, de léopards et de dragons menacèrent de le dévorer quand il traversa le désert, mais, voyant la chaîne que l’apôtre avait touchée, ils prenaient le large.
Cet homme revint une seconde fois auprès du tombeau du bienheureux Jacques, portant sa chaîne dans ses mains, et je l’ai effectivement rencontré entre Stella et Guigno, et il m’a raconté tout cela.
Selon ce récit exemplaire, il convient de blâmer ceux qui demandent au Seigneur et à ses saints une épouse, ou un bonheur terrestre, ou des honneurs, ou de l’argent, ou la mort de leurs ennemis, ou toute autre chose semblable, qui ne vise qu’au profit du corps et non au salut de l’âme.
S’il convient de demander les choses nécessaires au corps, il convient plus encore de demander les qualités de l’âme, à savoir les vertus, la foi, l’espérance, la charité, la patience, la tempérance, l’hospitalité, la libéralité, l’humilité, l’obéissance, la paix et toutes choses semblables qui assurent à l’âme, quand elle en est ornée, sa place dans les célestes demeures.


ET LES MIRACLES CONTINUENT …

PÈLERIN RÉDUIT À LA PAUVRETÉ AUQUEL LE BIENHEUREUX APÔTRE VINT EN AIDE

Tirée du Souper d’Emmaüs de Le Caravage

En l’an 1139 de l’Incarnation du Seigneur, sous le règne de Louis, roi des Français, et sous le pontificat du pape Innocent, un homme nommé Brun, du prieuré de Vézelay consacré à sainte Marie-Madeleine, se trouva manquer de ressources au retour de Saint-Jacques.
N’ayant pas une seule pièce de monnaie pour acheter du pain, et se trouvant un jour encore à jeun à la neuvième heure, honteux de mendier et très inquiet, il s’assit sous un arbre, implorant de tout son cœur l’aide du bienheureux Jacques.
Là, il s’endormit un bref moment et rêva que le bienheureux Jacques, l’Apôtre de Dieu, lui donnait de quoi manger.
Lorsqu’il s’éveilla, il trouva près de sa tête un pain, dont il se nourrit pendant quinze jours, jusqu’à ce qu’il revînt chez lui. Chaque jour, il en mangeait deux fois suffisamment, et le lendemain, il retrouvait le pain entier dans sa besace.
Ô admirable renouvellement de ce qui advint au prophète Élie.
Mais parce que le Seigneur l’a fait, cela ne doit pas nous étonner. »


CONCLUSIONS

Puisse ce recueil illustré des miracles de saint Jacques alimenter votre imaginaire et vous remémorer des situations « extra-ordinaires » que vous avez rencontrées, ces « hasards incroyables » qui surprennent tout autant qu’ils confortent la foi en notre saint patron protecteur.

Marie-France Faignoy

Jean-Christophe Ruffin écrit : « Le pèlerin pèlerine comme le maçon maçonne, comme le marin part en mer, etc.. À la différence de ces métiers que récompense un salaire, le pèlerin n’a aucune rétribution à espérer ». Je me réjouis simplement de la satisfaction du travail accompli, comme le jacquet arrivant sur la place de l’Obradoiro à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Philippe Paulmier

Il y a eu les 22 miracles plus ceux qui n’ont pas été répertoriés par le pape Calixte. Le miracle actuel est le fait que depuis 1200 ans, les différents chemins menant à Saint- Jacques-de-Compostelle sont chaque jour, empruntés par des milliers de pèlerins. N’est-ce pas le plus merveilleux?

Louis Chevalier

Depuis le Moyen Âge les chemins de Compostelle ne cessent d’attirer des milliers de pèlerins. Il y a eu de nombreux miracles constatés ou supposés, réels ou légendaires, mais les pèlerins se sentaient mieux à leur retour de pèlerinage malgré les obstacles, dangers et difficultés du chemin ! Marcher le chemin était un acte de foi, ce qui de nos jours n’est plus forcément le cas. C’est aussi le bonheur d’une rupture avec une vie quotidienne stressante, le hasard des accueils et des rencontres, la beauté de la nature, le bonheur !

Philippe Monpays

Chaque jacquet sait que l’esprit de saint Jacques veille sur ce chemin spirituel Nombre de pèlerins relatent un de ses miracles, vécu lors de son cheminement. « Un peu libéré des limitations de son ego, le pèlerin fait parfois à son insu et sans forcément le rechercher, l’expérience de sa véritable identité et d’une forme de transcendance. » Ils surviennent lorsque nous avons les yeux ouverts à la vie. « Pèleriner, c’est aussi faire l’expérience que nous ne sommes pas tout seuls, que nous sommes tous reliés et protégés. Nous pouvons affirmer qu’effleurer ou vivre en plénitude ces valeurs universelles est aussi une expérience du sacré »; De belles rencontres, amicales ou sentimentales, des guérisons, de l’âme ou du corps! La vraie Vie est sur les chemins, voies de partage, de tolérance, d’écoute. Elle est sacrée en dehors de toute connotation religieuse.

Danielle Vaunier



CHERCHEURS

Mesdames :

  • LAURENCE BOIS
  • DANIELLE BRUN-VAUNIER
  • DENISE PÉRICARD-MÉA

Messieurs :

  • CLAUDE CENSIER
  • LOUIS CHEVALIER
  • JEAN-PIERRE DUPIN
  • PHILIPPE MONPAYS
  • PHILIPPE PAULMIER

Sur une idée de

  • MARIE-FRANCE FAIGNOY

Mise en pages du recueil

  • GÉRALD BÉHURET

Dessinateurs

  • GÉRALD BÉHURET
  • ÉTIENNE CUÉNOT
  • ANDRÉE DARGENT
  • MARIE-EMMANUELLE DOURLEN
  • HENRI DUCHEMIN
  • PATRICE WAHLEN


REMERCIEMENTS


En tout premier lieu à Madame Denise Péricard-Méa qui a partagé ses immenses connaissances du Monde Jacquaire et fourni gracieusement plusieurs des représentations des Miracles de saint Jacques.
Les membres des associations jacquaires participantes pour s’être transformés en cherchant.
Les dessinateurs susnommés pour avoir essayé de se plonger mille ans en arrière.


N’hésitez pas à télécharger le recueil ci-dessous :

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