Après une semaine de très beau temps, les prévisions météo n’étaient pas excellentes pour cette randonnée commune avec les Amis de Saint-Colomban. Mais Marcel, le gardien de la Chapelle de l’Abbaye du Mont de Vannes me l’avait assuré : il ne pleuvra pas dimanche.
Nous sommes donc dix-huit à partir de Mélisey pour gravir les pentes du Mont de Vannes, dont le sommet disparait dans la couche de nuages bas.
Après un passage dans l’église de Mélisey, datant du 19ème siècle, nous avons eu la possibilité de visiter le chevet roman de l’ancienne église, habituellement fermée au public. Une belle structure romane, avec quelques traces de peintures murales, de belles pierres et quelques sarcophages médiévaux.
Un petit détour au lavoir du village, pour tenter d’entendre les échos passés des conversations animées des lavandières, et nous partons en direction du plateau des Mille-Étangs par un chemin agréable, qui devenant sentier, débouche sur l’étang du Grand Rosbeck.
Nous marquons une pause sur ce lieu de mémoire, où le monument Thiébaud nous rappelle que peu avant la Libération, le secteur de Mélisey connut d’âpres et tragiques combats.
Nous rejoignons ensuite la vallée du Raddon, passant au pied du Mont de Vannes maintenant bien dégagé de sa couverture nuageuse. De toute évidence, la pente va être rude.
Nous longeons une ancienne usine de tissage et passons près d’un des nombreux puits de mine du massif, nous rappelant le passé industriel et minier de la région.
Le chemin remonte doucement la vallée, passant près de vieux moulins, pour arriver au Magny au niveau de la Grande Croix, datant du 17ème siècle.
Dernière petite pause en arrivant au niveau du pont sur le Raddon, au pied de la montée.
Le chemin est raide, caillouteux, parfois barré par des arbres couchés. Chacun monte à son rythme, et avale sans trop de difficulté les 250 mètres de dénivelé qui nous mènent au belvédère pour la pause déjeuner.
La vue est magnifique sur la vallée, malgré les nuages qui peu à peu grignotent le paysage.
Le nuage nous atteint, avec une légère bruine qui nous oblige à enfiler les vêtements de pluie. Nous ne nous attardons donc pas et, juste après le pique-nique, repartons vers le site de l’ancienne Abbaye du Mont de Vannes.
Créé vers l’an 1600, l’ermitage fut doté d’une chapelle en 1680 et resta en activité, école et séminaire, jusqu’à la Révolution après laquelle tout fut démantelé. Au début du 19ème siècle, une école fut reconstruite, et acquit une bonne réputation jusqu’à sa fermeture vers 1850. La chapelle actuelle fut érigée en 1835, et resta un lieu de pèlerinage jusqu’au début du 20ème siècle. Ne restent plus aujourd’hui que le bâtiment de ferme occupé par Marcel et la chapelle toujours très fréquentée lors des fêtes du 15 août.
La chapelle a été acquise en 1961 par une comtesse bavaroise, qui fut séduite par cet endroit. Cela a permis sa restauration, la pose de nouveaux vitraux, et sa conservation.
Marcel nous évoque ses souvenirs d’enfance, son grand-père qui participa à trois guerres (1870, 1914 et 1940 et fut fusillé comme résistant en 1944), son père et ses frères, bucherons.
La descente sur Saint-Barthélémy est aussi raide qu’a été la montée : caillouteuse, rendue glissante par une petite pluie qui a gentiment attendu que nous ayons quitté Marcel pour se manifester.
Au milieu de la descente, la très belle fontaine Saint-Michel, perdue dans les bois nous rappelle le passé monastique et forestier du massif.
A Saint-Barthélémy, le clocher de l’église arbore fièrement sa croix de Lorraine, marque de protection pour éviter sa destruction par les alliés lors de la Libération.
La randonnée se termine au bord de l’Ognon. Une belle journée avec un temps idéal pour marcher, quasiment pas de pluie et une température bien plus agréable que les jours précédents, du patrimoine, des paysages et beaucoup de convivialité et d’échanges entre tous les participants.
Texte : René
Photos : Danielle, Thérèse, René