Un nouveau système défensif est mis en place de Dunkerque à Nice suite à la défaite de 1871 et à la perte de l’Alsace et de la Moselle. Sa construction à base de forts isolés organisés en camps retranchés et rideaux défensifs sera réalisée sous la direction du Général Séré-de-Rivières jusqu’au début de la première guerre mondiale.
Le « Môle défensif du Lomont » en fait partie ; il sera destiné à défendre Montbéliard en empêchant le passage des troupes ennemies par la haute vallée du Doubs.
Ce môle défensif situé sur la crête du massif du Lomont s’étend des hauteurs de Pont-de-Roide en direction de la frontière suisse. Il comprend essentiellement les forts et batteries des Roches, du Lomont et de la Roche Jella ainsi que la Tour Carrée.
Les découvertes du môle et du massif du Lomont sont le prétexte à notre randonnée de ce dimanche 19 novembre 2023.
Rendez-vous est donc pris ce dimanche à 9 heures au Fort des Roches pour appréhender, au travers d’une randonnée de 17 km, ce morceau d’histoire lié à ce môle défensif du Lomont.
Neuf randonneurs matinaux se retrouvent donc à l’heure dite pour découvrir le Fort des Roches.
Le Fort des Roches, aussi appelé batterie, est construit entre 1877 et 1880 à 615 mètres d’altitude au bord d’une falaise qui le rend inaccessible sur ses côtés nord et ouest.
Ses plateformes de tir dominent Pont-de-Roide, la vallée du Doubs, la route de Vesoul à Saint-Hippolyte, les plateaux d’Écot, d’Ecurcey et de Blamont. Il était destiné à empêcher le contournement par le sud du fort du Mont-Bart situé à proximité de Montbéliard.
Si nous nous perdons dans ses tunnels et abris encore obscurs, nous parvenons à bien situer la poudrière, le four à pain, la boulangerie et les réserves de campagne, à retrouver le casernement, les chambres des officiers, les latrines et l’infirmerie.
Le survol du fort par une centaine d’espèces d’oiseaux migrateurs, dont les pigeons ramiers et les milans royaux, attire de nombreux visiteurs et permet aux associations de protection de la nature de surveiller la santé de ces espèces.
Si le vent est toujours de la partie, le temps est devenu plus clément car la pluie nous a abandonnés !
9h45 ; il est temps maintenant d’entamer notre randonnée.
Randonneurs intrépides, nous longerons le sommet de falaises de plus en plus massives au fur et à mesure que la ligne rocheuse, le Crêt des Roches, qui s’élève vers l’Est.
Le Crêt des Roches est aussi un sanctuaire dont la végétation de pelouses abrite des espèces florales fragiles et des insectes.
Deux kilomètres en montée douce de sentiers de crête balayés par un bon vent arrière, puis du chemin de liaison des forts des Roches et du Lomont, nous mènent au pied de la Tour Carrée.
Ce poste avancé, construit en 1884 et qui pouvait abriter une vingtaine d’hommes, surveillait le chemin de liaison.
Randonneurs prudents, nous n’emprunterons pas le sentier de terre menant à cette tour, pentu et détrempé, glissant et pourtant maintes fois utilisé par le Maquis du Lomont ; nous nous contenterons d’apercevoir le sommet de la tour depuis le chemin de liaison.
Cette Tour Carrée a fait l’objet d’âpres combats à l’issue de la deuxième guerre mondiale.
Le Maquis du Lomont – L’attaque du 22 août 1944
Les Allemands débouchent des côtes boisées de Brisepoutot le 22 août 1944 à 7h30 et attaquent la Tour Carrée qui servait d’observatoire à la résistance.
La tour fut prise et reprise au cours d’âpres combats ; les Allemands la reprennent vers 15 heures et y installent une mitrailleuse lourde qui prend sous son feu l’ensemble du plateau de la ferme Jonathan où se raidit la défense. Les Allemands atteignent « le Passage de la Douleur ».
La pression se relâche sensiblement après 17 heures ; l’ennemi abandonne finalement à 18 heures une partie chèrement disputée, et emporte ses morts.
Notre chemin de liaison vers le Fort du Lomont grimpe toujours lentement jusqu’au monument du Lomont situé au Passage de la Douleur.
Le monument Commémoratif aux Morts du Maquis du Lomont, au Passage de la Douleur, a été érigé sous l’impulsion de Georges Meyer via une souscription lancée dans tout le Pays de Montbéliard.
Randonneurs courageux, nous poursuivons notre chemin de crête du massif au milieu du massif maintenant bien boisé pour en atteindre le sommet, à 833 m d’altitude ; nous voilà arrivés au Fort du Lomont.
Construit entre 1875 et 1878 au sommet de la chaîne du Lomont, armé jusqu’en 1915, il possédait une triple caponnière qui défendait trois fossés. Son armement était renforcé par deux batteries annexes.
Cet immense fort était relié, par télégraphie optique à signaux lumineux, aux forts de la défense de Montbéliard. Ferraillé pendant la Seconde Guerre mondiale, démilitarisé en 2008, il est la propriété de la Communauté d’Agglomération du Pays de Montbéliard depuis 2017 mais n’est pas ouvert au public car non sécurisé.
Nous en longerons les fossés au nord et apercevrons les plateformes de tir qui, à eux seuls, laissent imaginer la grande étendue de ce fort.
Le Creux Serré, sur la droite de notre chemin de crête est un gouffre fort apprécié des spéléologues.
Nous poursuivons le chemin de crête en légère descente jusqu’à la Batterie de la Roche Jella.
Cet ouvrage, le plus proche de la frontière suisse, était constitué de trois pièces d’artillerie desservies par vingt hommes.
Seuls le fossé et le bâtiment sont encore visibles, le reste disparaissant sous la végétation.
Maintenant que nous savons tout des systèmes de défense du Lomont, nous en voici « libérés » !
Randonneurs affamés, nous dévalons la pente boisée avec la ferme intention d’atteindre rapidement Pierrefontaine-lès-Blamont car nos repas tirés du sac commencent à nous intéresser sérieusement.
Descente dans les faits moins facile qu’imaginé, le vent ayant couché des arbres, la pluie ayant créé de superbes flaques d’eau… que les engins d’exploitation forestière ont localement transformées en bourbiers. Ce qui n’entame pas la volonté et surtout l’appétit des randonneurs !
Randonneurs rayonnants, nous sommes soudain en arrêt devant le Chalet de Chasse qui nous apparaît au bas de la pente et dont la cheminée laisse augurer d’une douce chaleur à l’intérieur !
Ce chalet appartient à l’Association de Chasse la commune de Pierrefontaine, association nous l’a très gentiment préparé, prêté, chauffé pour l’occasion.
Nous avons donc pu nous attabler bien au sec et au chaud, déguster nos repas bien mérités… tout en découvrant les trophées et bracelets bien disposés !
Merci beaucoup encore à nos amis chasseurs qui nous ont si volontiers et si bien accueillis dans leur antre.
Randonneurs rassasiés, nous reprenons notre chemin du retour, vraiment revitalisés ; les 7 km restants ne seront qu’une formalité !
Nous traversons Pierrefontaine et passons devant son bel abreuvoir.
Le village a subi les attaques allemandes, comme tous les villages proches du maquis du Lomont, et est libéré le 7 septembre 1944.
Randonneurs infatigables, nous quittons le village par une petite route déserte qui se transforme en un chemin, lequel devient un sentier perdu qui serpente au milieu des bois et débouche miraculeusement sur la ferme de Brûle Fer.
Nous remontons au Fort des Roches en nous arrêtant une nouvelle fois pour admirer la vue imprenable sur la vallée du Doubs, Pont-de-Roide et le Plateau d’Ecot.
Après un dernier échange, nous pouvons « rejoindre nos appartements »… seulement après avoir rendu visite à la charmante petite chapelle hexagonale de Châtey, située au pied du Mont Julien.
Merci aux 8 randonneurs patients qui ont bravé cette météo bien pessimiste et vaincu sans coup férir tous les obstacles de cette randonnée, dans cette bonne humeur !
Merci encore aux amis chasseurs qui ont certainement contribué à cette bonne humeur.
Texte : Michel Perceau
Photos : Danielle, Michel et René
Voilà une bien belle randonnée !
dans le brouillard des paysages et dans la réalité de l’Histoire locale et nationale…, si proche!
Merci encore Elisabeth et MIchel pour ce dépaysement « boueux »!