Ce devait être le solstice de l’été 2015, cela s’est transformé en solstice de l’amitié.
Samedi matin, depuis le village de Kruth (498 m) la petite troupe s’en est allée vers les hauts sommets des Vosges sous un soleil radieux (même si des parapluies pendaient sur certains sacs). Près de la scierie, perché sur la montagne, un majestueux bucher de la Saint Jean nous narguait, puis un sentier escarpé entre les maisons fleuries mettait rapidement les pèlerins en température. Vers Sauwas les belles Vosgiennes (vaches) ruminaient en nous regardant passer. Le panorama sur le village et les crêtes était splendide et l’ambiance radieuse, un chemin large nous menait en direction de la ferme-auberge du Schaffert. Les bucherons ayant travaillé, il nous fallut enjamber les troncs couchés. A la sortie de la forêt le ciel s’était quelques peu grisé lassant tomber les premières gouttes qui se multiplièrent rapidement au point de «s’empèleriner». Plus loin, à l’abri de grands arbres le repas tiré du sac fut avalé presque au sec. Entre temps le robinet du ciel se ferma, mais laissa du brouillard sur les crêtes que nous atteignirent après une dernière monté (1198 m). Sur un chemin sans horizon nous continuons en passant par le col du Hannenbrunnen, plus loin en traversant la route du Breitfirst (1298 m) un champ d’arnica s’offrit à nous. A cet instant le ciel devînt plus clément, ainsi les chaumes du Markstein firent leur apparition. Arrivés à la ferme-auberge du Ttréh, Nicole, Claudine et Daniel nous rejoignirent. Les traces de fraîcheur furent vite dissipées par le vin chaud que le patron nous servit. Encore un petit effort et nous voila devant le refuge de l’AAVM, lieu de notre hébergement. Après notre installation nous repartîmes vers la ferme auberge où le repas « marcaire » fut servit avec les explications de Jean-Paul Deybach, patron du lieu.
Dans la nuit le temps changea : brouillard et grosse pluie inondèrent l’atmosphère. Après un petit déjeuner copieux il fut décidé de ne pas monter au Markstein (20 m de visibilité) mais de repasser à la ferme-auberge pour acheter des produits fermiers. Au départ il n’y avait plus de pèlerins mais que pèlerines fortement humides. En sortant de la forêt et arrivant au village le ciel devint plus clément et c’est sous un préau du village d’Oderen que le casse-croute allégea les sacs. Nous continuâmes en direction du Drumont, d’abord en traversant la voie ferrée (toujours active) puis une montée assez raide nous fit grimper afin de profiter du panorama sur la vallée. Après quelques hésitations sur la lecture de carte, le sentier nous menant à la chapelle Sainte Catherine fut trouvé. Nicole, Claudine et Daniel nous y attendaient et il ne restait plus qu’a se glisser jusqu’au village de Kruth où les adieux se firent chaleureux. La montagne provoque des grimaces, des sourires, l’important pour le pèlerin c’est d’avoir la relation amicale et peu importe ce qui tombe du ciel.
Jacques Dato
Photos : Jacques Dato, Eric Pape et Nicole Blivet