Un petit machin

Ce jour, nous commençons avec une réflexion inspirée par l’actualité.  En fin de message, vous trouverez de nouvelles informations concernant le pèlerinage à Compostelle.


«Je vous transmets un très beau texte d’un auteur tchadien ! », indique Madeleine Griselin. Danielle Voilly estime qu’il s’agit « d’un texte qui a du sens ». Claude Perrot, qui l’a reçu d’un ami québécois, a lui aussi apprécié cet écrit de Moustapha Dahleb qui circule actuellement sur les réseaux sociaux.  

L’HUMANITÉ ÉBRANLÉE ET LA SOCIÉTÉ EFFONDRÉE PAR UN PETIT MACHIN

Un petit machin microscopique appelé coronavirus bouleverse la planète. Quelque chose d’invisible est venue pour faire sa loi. Il remet tout en question et chamboule l’ordre établi. Tout se remet en place, autrement, différemment.
Ce que les grandes puissances occidentales n’ont pu obtenir en Syrie, en Lybie, au Yémen, …ce petit machin l’a obtenu (cessez-le-feu, trêve…).
Ce que l’armée algérienne n’a pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (le Hirak a pris fin).
Ce que les opposants politiques n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (report des échéances électorales…).
Ce que les entreprises n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (remise d’impôts, exonérations, crédits à taux zéro, fonds d’investissement, baisse des cours des matières premières stratégiques..).
Ce que les gilets jaunes et les syndicats n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (baisse de prix à la pompe, protection sociale renforcée…).

Soudain, on observe dans le monde occidental que le carburant a baissé, la pollution a baissé. Les gens ont commencé à avoir du temps, tellement de temps qu’ils ne savent même pas quoi en faire. Les parents apprennent à connaître leurs enfants, les enfants apprennent à rester en famille, le travail n’est plus une priorité, les voyages et les loisirs ne sont plus la norme d’une vie réussie.
Soudain, en silence, nous nous retournons en nous-mêmes et comprenons la valeur des mots solidarité et vulnérabilité.
Soudain, nous réalisons que nous sommes tous embarqués dans le même bateau, riches et pauvres. Nous réalisons que nous avions dévalisé ensemble les étagères des magasins et constatons ensemble que les hôpitaux sont pleins et que l’argent n’a  aucune importance. Que nous avons tous la même identité humaine face au coronavirus.
Nous réalisons que dans les garages, les voitures haut de gamme sont arrêtées juste parce que personne ne peut sortir.

Quelques jours seulement ont suffi à l’univers pour établir l’égalité sociale qui était impossible à imaginer. La peur a envahi tout le monde. Elle a changé de camp. Elle a quitté les pauvres pour aller habiter les riches et les puissants. Elle leur a rappelé leur humanité et leur a révélé leur humanisme.

Puisse cela servir à réaliser la vulnérabilité des êtres humains qui cherchent à aller habiter sur la planète mars et qui se croient forts pour cloner des êtres humains pour espérer vivre éternellement.
Puisse cela servir à réaliser la limite de l’intelligence humaine face à la force du ciel.

Il a suffi de quelques jours pour que la certitude devienne incertitude, que la force devienne faiblesse, que le pouvoir devienne solidarité et concertation.
Il a suffi de quelques jours pour que l’Afrique devienne un continent sûr. Que le songe devienne mensonge.
Il a suffi de quelques jours pour que l’humanité prenne conscience qu’elle n’est que souffle et poussière.

Qui sommes-nous ? Que valons-nous ? Que pouvons-nous face à ce coronavirus ?
Rendons-nous à l’évidence en attendant la providence.
Interrogeons notre « humanité »  dans cette  « mondialité »  à l’épreuve du coronavirus.

Restons chez nous et méditons sur cette pandémie.
Aimons-nous vivants !

Moustapha Dahleb

Elisabeth Relange signale qu’en « ce début de semaine sainte Webcompostella propose un pèlerinage spirituel pour ceux qui ne peuvent pas prendre la route, ainsi qu’un chemin de croix virtuel  en lien avec la démarche de pèlerinage ».
Voici les liens : https://www.webcompostella.com/eclairages-spirituels/prier
Pour accéder plus directement à  la proposition « un chemin d’espérance » : https://www.webcompostella.com/tag/un-chemin-desperance/
Pour accéder plus directement au chemin de croix : https://www.webcompostella.com/un-chemin-de-croix

Note : webcompostella est une association représentant l’Eglise, regroupant les amateurs de pèlerinage et les différents intervenants de la route de Compostelle : avant, pendant et après le pèlerinage. Elle a pour objet d‘ apporter une assistance et des services aux pèlerins au plan culturel, artistique et spirituel.


Enfin, Jean-Daniel Petrequin rappelle : « Sur Arte, ce jour à 17 h 45 comme tous les jours de cette semaine, reportage sur les chemins de Saint-Jacques »

et ci-dessous, la douzième étape de notre feuilleton quotidien « Péleriner confinés » par Denise Péricard-Méa.

Nicole


Péleriner confiné, étape n° 12

Comment on écope d’un pèlerinage à Compostelle

Le portail, vestige de l’abbaye (Wikipedia)

Au début du XXe siècle, des historiens belges avaient mis en lumière de longues listes de justiciables des Flandres condamnés au Moyen Age à des pèlerinages lointains. C’est pourquoi on lit encore que les honnêtes pèlerins risquaient de côtoyer de dangereux criminels condamnés à expier leurs crimes en effectuant des pèlerinages lointains. En réalité, ne sont lâchés sur les routes d’Europe que des fautifs ne mettant pas en danger la vie d’autrui. Et dans une proportion inférieure à 1% des sanctions prononcées.

En 1334, l’abbé de Neubourg près d’Hagueneau revendiquait des terres situées sur les villages Uhlwiller et Altorf, contre l’avis des habitants qui avaient porté plainte. Ils proposent au saint homme de prêter serment que ces terres sont vraiment les siennes. S’il y consent, ils retireront leur plainte. L’abbé accepte, arrive en procession à la limite des champs volés. Il pose sa main sur sa tête et jure sur le Créateur qu’il se trouve bien sur les terres de l’abbaye.
S’en est fait, les paysans sont prêts à repartir tête basse quand surgit un valet de l’abbaye. Il se jette sur l’abbé. Il lui arrache son couvre-chef d’où s’échappe une louche puis le renverse et le déchausse. De ses souliers s’échappe de la terre de son cloître.
Le valet hurle : « voyez comment il était sur sa propre terre ! »
Sacrilège !

L’abbé avait prêté serment sur le créateur (Schöpfer) en mettant sa main sur une louche (Suppenschöpfer), jurant qu’il était sur la terre de l’abbaye dont il avait empli ses souliers !
Les paysans sont pris d’une rage folle et le tuent.
C’est ainsi que l’on raconte l’histoire en Alsace.

Les pauvres ont toujours tort

Aucune source n’atteste le serment demandé mais le meurtre (3 janvier 1334) est un fait historique, il s’agit de Bertolt, abbé depuis le 10 novembre 1331. L’affaire fit grand bruit, d’autant plus qu’il existait à l’époque de nombreux soulèvements paysans. Plainte est portée auprès du tribunal ecclésiastique et de celui de l’Empereur. L’Empereur convoque un bailli et quatre arbitres (deux chevaliers pour l’abbaye, deux citoyens de Haguenau pour les villages). Avec un jury pareil il n’est pas étonnant que l’abbaye ait été déclarée propriétaire. Les paysans furent déboutés. La peine fut lourde et exemplaire :

  • Tous les hommes de plus de 20 ans présents le jour du meurtre devront, un dimanche avant le Carnaval, faire un pèlerinage à Strasbourg (à 40 km), tête nue, pieds nus et en chemise de pénitent. De très bonne heure le matin, chacun portant un cierge d’une livre, ils devront faire le tour extérieur de la cathédrale et, à l’intérieur, faire une offrande à Notre-Dame.
  • Dans l’année qui suivra, pour le repos de l’âme de l’abbé, les trois auteurs du crime partiront en pèlerinage à Rome et resteront bannis du diocèse jusqu’à autorisation du nouvel abbé.
  • Deux complices partiront à Rome puis à Saint-Jacques et resteront bannis un an.
  • L’abbé recevra un impôt annuel de 100 quarts d’avoine, appelés « avoine du meurtre ». Plus tard, les deux paroisses ont planté une croix à cet endroit et c’est là que fut perçue la redevance.

Reste à savoir si l’âme de l’abbé a bien trouvé le repos. S’il l’a trouvé, ce n’a pas dû être le fait des prières sincères des condamnés…

Une question aux lecteurs

Comment l’abbaye de Neubourg avait-elle l’heure de Compostelle ?
Un article de la revue SaintJacquesInfo vous orientera : lire ici et maintenant

Pour en savoir plus avec le site du patrimoine : Robert de Cassel, un pèlerin pénitentiel

Denise Péricard-Méa
demain, la suite : Les dangers oubliés du pèlerinage
retour à la première étape : Jérôme Münzer part précipitamment de Nüremberg

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