Sur la Voie du Charbon et du Sel – juillet 2024

 De surprise en surprise

Nous nous retrouvons « vingt » autour de la fontaine lavoir de Villafans, originaires des quatre points cardinaux.
Nous accueillons Christian et Françoise venus partager notre randonnée découverte.
Le premier sujet de conversation est le soleil qui nous réchauffe déjà, alors que les prévisions météo étaient bien peu engageantes. Pantalon longs, chapeaux de pluie, capes composent les sacs à dos.

Après la traditionnelle photo devant le lavoir circulaire, non sans avoir remercié une dame qui a ouvert l’église à notre attention, nous partons pour la découverte du parcours de la Voie du Charbon et du Sel, parcours initié par le Pays de Villersexel depuis 2009. Il permet d’avoir un aperçu de la vie des habitants de Villafans et des villages environnants au 18ème et 19ème siècles.

Nous entrons rapidement dans la forêt.

Le puits n°11 est une trace du passé des houillères, site situé sur le bassin keupérien tout comme Ronchamp. La houille, de mauvaise qualité, est exploitée pour alimenter les chaudières permettant l’évaporation de la saumure du sel gemme. L’exploitation du sel gemme par injection a démarré en 1819, pour arriver à une prospérité vers 1848. La production était expédiée par le chemin de fer grâce à la ligne du Tacot dont la trace subsiste en chemin herbeux et nous amène jusqu’à Gouhenans.

Sur le chemin en forêt, un chêne remarquable, haut de ses deux siècles nous impressionne par la vigueur de sa ramure.


De la saline de Gouhenans, nous ne voyons que la dernière cheminée et deux maisons qui ont dû être réservées aux maitres des Salines, … là nous laissons aller notre imagination car pas d’explication détaillée. A la fin de l’exploitation en 1955 par la Société Kuhlmann, cette structure industrielle comptait jusqu’au plus de 200 ouvriers. La cité ouvrière a disparu, tout a été rasé dans les années 1970.
La prospérité ne va pas sans la convoitise, un scandale eut des répercussions jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Victor Hugo, alors Pair de France sous la Monarchie de Juillet, consignera les faits dans « Choses vues ». Gouhenans sera connu, cette affaire ayant entrainé la chute de Louis-Philippe.

Chacun devisant au rythme de notre pas de balade, des questions sur le lieu du pique-nique se posent déjà … Nous en profitons pour boire car la chaleur est « équatoriale ».

Notre arrivée sur le village de Gouhenans nous permet de comprendre son organisation : nous voyons le château au loin, dominant le village et son église.

Une pause sur la placette du monument aux morts permet de découvrir que des traces du village datent de 1186, son blason est une croix d’azur engrênelée d’or. Plusieurs maisons arborent cette croix.
Nous découvrons une maison « très décorée ». Yves son propriétaire ne manque pas de nous en dire plus, sur la dame au gilet jaune passé, « Elle a enfermé le virus de la Covid dans une cage à oiseaux » et sur tous les outils qui ornent la façade. Il est surpris par les connaissances des pèlerins-randonneurs. Même la gouge n’a pas de secret.

L’église ouverte nous permet d’aller admirer la restauration de la vierge en bois polychrome du 16ème siècle et nous tombons tous d’accord sur l’aspect lugubre du chemin de Croix.

Nous profitons d’un instant de fraicheur relative avant de gravir l’escarpement pour arriver au niveau du château. Danielle nous incite à entrer dans la cour, pour admirer le paysage.
Un couple vient à notre rencontre et, oh surprise, nous invite à visiter leur résidence secondaire depuis 17 ans. Années durant lesquelles sans relâche chaque jour ils ont défriché, dessouché, construit des murs en pierres sèches pour arriver à redonner à cette bâtisse son lustre d’antan avec tout le confort nécessaire.
Après le tour des magnifiques jardins avec force anecdotes nous montons à la tour prison, pour finir dans la cave transformée en une belle salle de réception.

L’enthousiasme anime Nathalie et Régis et leurs enfants, propriétaires de ce patrimoine local qu’ils ont à cœur de faire découvrir.
Nous les remercions pour ce temps de partage. Chacun a su apprécier le travail titanesque et la passion qui anime cette famille. En somme, un château sur lequel « la magie a opéré » : il est passé de l’ombre au grand jour pour le plus grand plaisir de tous.
Bravo et Merci à Eux !!

Cette fois, nous avons tous faim. Pas question de rejoindre Longevelle. La pause se fait de façon très inventive, sur un lieu de stockage de bois. Des palettes sont mises en place servant de table et de chaises. Les mandibules se mettent en route… en silence.

Pas de sieste, même si les yeux sont lourds pour certains. Nous reprenons la route pour Longevelle que nous pouvons voir depuis notre colline. Nous apercevons l’ancien clocher porche datant de 1566. Arrivés sur place, nous voyons que la vie l’anime : un tournesol est allé se nicher dans ses pierres à une hauteur inattendue.


Nous sommes tous à l’écoute du ciel qui se brouille, encore 4 km environ à parcourir en espérant trouver un peu d’eau, car les gourdes sont en déficit.

Le cimetière et son traditionnel robinet à usage des pèlerins nous offre de quoi nous rafraîchir !

Après un chemin en forêt nous retrouvons la route pour arriver sur la hauteur de Villafans et terminer par un détour à l’église, en remarquant une fleur de la passion.
Quelques gouttes sous le soleil nous indiquent que l’arrivée s’est faite juste à temps.

Cette journée de balade a allié les surprises : une météo plutôt favorable, des rencontres pittoresques et passionnantes, la visite de notre patrimoine local. Nous avons découvert cet endroit discret, plein de charme du Pays de Villersexel.

Texte : Danielle
Photos : Danielle, Nicole, Alain, Gabriel, René

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