Prendre ou reprendre le chemin de Compostelle, cela ne semble pas être pour tout de suite…..
A ce sujet, Jacques Sutter communique
le lien d’accès aux informations parues sur le site du magazine le Pèlerin, avec une vidéo de Jean-Claude Bénazet, auteur du chant des pèlerins bien connu : https://www.lepelerin.com/pelerinages/coronavirus-randonneurs-restez-chez-vous/
Nous venons de voir que nous avons un peu de temps avant un départ ! Voici donc pour révision la version originale, les paroles et la partition du chant « Ultreïa » que nous pourrons chanter – juste – et à tue-tête que nous cheminerons, plus tard.
Ultreïa
Voici aussi quelques quizz envoyés par Jean-Claude Simard : équipement de randonnée, contenu du sac à dos ou bâtons, saurons-nous répondre correctement à toutes les questions ?
et ci-dessous, la vingt-septième étape de notre feuilleton quotidien « Péleriner confinés » par Denise Péricard-Méa.
Nicole
Péleriner confiné, étape n° 27
Un archevêque de Compostelle né près de Rodez
L
es pèlerins et touristes qui contemplent la tour Berenguela à Compostelle ne savent pas qu’elle porte le nom d’un archevêque français.
Singulier destin que celui de cet homme, Béranger de Landore (1282-1330), né dans l’Aveyron au château de Salmiech. Il occupa le siège de Compostelle de 1317 à 1330.
Dominicain à Rodez, il a une carrière fulgurante qui le fait devenir le collaborateur de deux papes français d’Avignon, Clément V puis Jean XXII. Les deux lui confient des missions diplomatiques importantes.
Le 15 juillet 1317, Jean XXII, fatigué des compétitions stériles entre candidats galiciens, le nomme archevêque de Compostelle. Il lui donne l’onction épiscopale à Avignon le 30 avril 1318 et Bérenger arrive en Galice le 12 novembre.
A partir de ce moment sa vie est connue par les Hechos de Don Berenguel de Landoria, rédigés de son vivant, par l’un des Français dont il s’est entouré. J’ai publié une traduction intégrale de ces « faits et gestes » dans Le Matamore, mythe, images et réalités (trad. Guy Chabot, éd. La Louve, Cahors, 2011.
Quatre années de lutte commencent pour prendre possession de sa cathédrale. L’entrée dans Compostelle lui étant interdite, il s’installe au château de la Rocha Forte sur les hauteurs de Compostelle.
Il n’en reste qu’un chantier de fouilles et, sur la route qui y conduit, un monument avec une plaque qui permet de comprendre les difficultés affrontées par Béranger. Voici cette plaque dont l’inscription a été traduite par Elvire Torguet.
Soyez les bienvenus à Rocha Forte, dans les restes archéologiques d’une forteresse médiévale construite par Xoán Arias autour des années 50 du XIIIe siècle …
Elle a été la résidence des seigneurs ecclésiastiques de Compostelle, palais épiscopal et forteresse pour se défendre contre les autorités laïques de la ville. La société bourgeoise compostellane n’acceptait pas, pendant le Bas Moyen Age, la domination épiscopale, ce qui occasionnait des affrontements à cause des privilèges et des possessions.
Béranger s’installe ensuite à Noia qui devient une « petite Compostelle ». Son souvenir est conservé sur le tympan de l’église du cimetière qui le présente en prière au pied de la Vierge. De là il organise la conquête de son siège épiscopal.
Il est contraint de la faire par les armes (oui, Béranger est dominicain, oui il est archevêque, et rien de cela ne lui interdit la lutte armée, mais il ne faut pas regarder avec nos yeux du XXIe siècle).
A la fin de 1319, alors que ses soldats campaient sur le mont Almaciga (au NE de Compostelle), il passe la nuit au couvent dominicain de Bonaval (aujourd’hui dans le bas de la ville), où il échappe à un projectile lancé par une catapulte.
Il entre dans la ville le 16 septembre 1319, mais il est séquestré douze jours dans la cathédrale, sans nourriture. La seconde tentative est la bonne, la ville est conquise le 20 juin 1320. Les représailles sont terribles. Le 16 septembre 1320, le chef des rebelles et dix représentants du Conseil de Ville sont exécutés au château de la Rocha.
Béranger reçoit enfin les hommages des Compostellans mais il lui faudra attendre 1322 pour devenir maître de son archevêché. Le 16 juillet, il accorde « pardons et absolutions » aux rebelles et décide que
« le jour de saint Jacques sera bon pour tous… ».
Le souvenir de ce dimanche 25 juillet où il « célébra sa première messe solennelle » ne s’est-il pas perpétué dans l’instauration de la première année jubilaire ?
C’est au cours de cette cérémonie que Béranger plaça dans un reliquaire neuf la fameuse tête de saint Jacques (étape 18).
Béranger et saint Jacques
Les Hechos apprennent que Béranger a bénéficié de l’aide de saint Jacques.
Ainsi, pendant qu’il était prisonnier, une nuit, par trois fois « il vit le saint apôtre sur un cheval blanc suspendu au-dessus de la tour du château de la Rocha. Protégé par un bouclier, brandissant une lance contre Compostelle. Il défendait ‘ un personnage agenouillé, ‘ en habit de dominicain, coiffé d’une mitre épiscopale, tenant d’une main une croix et de l’autre une blanche colombe ». Saint Jacques est encore apparu le jour de l’exécution des traîtres, courant à la poursuite des coupables, les frappant avec l’épée ensanglantée qu’il essuyait à son manteau avant de la remettre au fourreau.
Tout le reste de sa vie Béranger témoigne d’un souci de rayonnement du sanctuaire. Il semble qu’il soit intervenu dans l’extension de la confrérie Saint-Jacques de Paris qui eut en son sein les membres les plus influents de la vie politique parisienne et qui bénéficia de l’appui constant de Jean XXII.
Les événements importants de l’année 1321 : le don de la dent de saint Jacques (étape 18), tout comme l’offrande de Mahaut d’Artois (étape 26) ne seraient-ils pas liés à son influence ?
Place de Béranger dans les Constellations Saint-Jacques ?
Les Constellations Saint-Jacques englobent le patrimoine lié à saint Jacques et/ou Compostelle : mobilier, immobilier et immatériel, y compris les personnes physiques et morales. Donc Béranger.
Dans cet article, on peut voir une Étoile : le personnage Béranger et une Constellation géographique : Béranger en Galice
Denise Péricard-Méa
demain : Compostelle, chemin des alchimistes
retour à la première étape : Jérôme Münzer part précipitamment de Nüremberg
Que c’est beau….